25 février 2007

L'envers du monde

Rien ou presque.

Edouard Zarifian est mort et personne n'en parle. Je l'ai découvert par hasard, j'aurais très bien pu passer totalement à coté alors qu'il est difficile d'ignorer les frasques surjouées de ségolène royal. Cette envie chevillée au corps qu'elle a mimée, le poing sur le ventre, histoire d'émouvoir [entre deux références à la thématique de la maternité qui parle à tout le monde, touche tout le monde mais finalement n'a pas grand chose à faire en campagne]... curieusement l'info comme quoi elle aurait passé la veille à répéter cette scène avec philippe torreton a beaucoup moins été relayée. Quant à Bernard, son handicap, ses larmes, personne ne sait s'il a trouvé quelque réconfort après ce geste émouvant, en tous ça rapporte des points dans les sondages d'être, surement au contraire des autres candidats, l'ami des handicapés. Et merci encore pour ces questions, merci à vous, c'est une question très bien posée, merci à la misère du monde, merci à la misère que vous nous offrez.

Mes humeurs se sont normalisées, sans médication aucune. Je m'étais auto-diagnostiqué maniaco-dépressif mais voilà que tout tombe à l'eau. Le pire symptôme du retour à la normale est la perte de l'inspiration. Je ne me considère pas comme quelqu'un de spécialement inspiré, voire même expiré [l'inspiration est le fait de faire sien un contenu extérieur - la paraphrase en fait, expirer c'est faire sortir à l'extérieur ce qu'on détient au fond de son soi] mais il y avait ces phases mélancoliques où les idées subissaient une phase de maturation, croissaient en silence puis des phases de tachypsychée où tout s'accélérait à une vitesse [folle], les idées devenaient projets puis réalisations.
Tout ça est parti, j'espère qu'elle va revenir ma maladie, je ne sais pas. Après tout c'était peut-être un symptome de mon syndrôme de l'étudiant en médecine, tout comme mon prétendu phéochromocytome ou encore mon insuffisance cardiaque droite que j'ai suspectée après la découverte d'une hépatalgie d'effort quand je me suis remis à courrir [je pesais une dizaine de kg de plus, à l'époque]. J'ai guetté ma jugulaire dans la glasse pendant deux semaines.

A la médiatheque Elie Chamard de Cholet, je suis tombé sur une quatrième de couverture : "Vouloir des enfants, c'est vouloir se venger de son passé. C'est pour la femme faire don à sa propre mère de sa haine et pour l'homme rivaliser avec son père ou avec Dieu dans le fantasme imbécile d'une postérité. Et c'est pour chaque couple un remède au désespoir. Quand la vie a trompé nos attentes, quand on a renoncé à se créer soi-même, quand on pressent que tout est foutu, alors, plutôt que de se rendre à la morgue, on convie sa famille et ses proches dans un lieu plus sinistre encore, parce que plus kitsch : la maternité. Sur les basses besognes de l'humanité, le secret doit régner. Le nihilisme commence là où cesse la volonté de se tromper soi-même. Mais sans cette volonté, nous n'aurions ni l'ivresse, ni l'art, ni l'amour. Alors faisons "comme si"... et que la fête commence ! De sa magnificence dépendent l'étendue de nos naufrages et l'éclat de notre lucidité. Et peut-être serons-nous assez forts un jour pour aimer nos minuits comme nous aimons l'aurore ! ". Vous vous doutez bien que je ne pouvais pas passer à coté. Roland Jaccard - la tentation nihiliste.

Sur mon ancien blauggue j'ai fait l'éloge de ce livre. Quelques mois après Emmanuel Venet remporte le prix du style. Je songe à ma reconversion en critique de livres biens.

Je suis tombé amoureux du film Gerry de Gus Van Sant, des passages tournent en boucle, deux, parce que Arvo Pärt, fur alina.

Ca fait des années que j'attends, que je me dis que l'avenir sera mieux. Le bonheur est une carotte, sa date est toujours à la même disance de moi, nous avançons tous les deux dans le temps. Si j'accélère est-ce que j'arriverais à le rattraper, à finir la course au bonheur. Une histoire de soleil et de lune. Qui est qui ? Marie-Ange Nardi.