15 décembre 2007

Esprit libre, esprit scientifique

Monsieur E = m.c²

Quand j’étais petit (à 16 ans) je ne savais pas quoi faire de ma vie, j’étais en terminale et il fallait bien que je me décide. L’échéance baccalauréante (ce mot n’existe pas et c’est bien dommage) approchant ma mère me fit passer des tests psychologiques pour avoir une idée, déjà, de la case de l’éducation nationale dans laquelle on pouvait me mettre (au chaud). Il en sortit que j’étais « un vrai scientifique » « à ne surtout pas mettre dans un bureau routinier », la première assertion me surprit du fait, qu’au contraire de mes relations socialement codifiées de classe, j’avais d’autres lectures que geekzine et warhammermag et d’autres intérêts que les derniers mises à jour de Windows Me. Mal en S, je ne pouvais pas aller en L à cause des nombreuses heures de français qui induisaient chez moi des migraines (nausée, photophobie, hemi-paralysie du visage…) et trouver un quelconque intérêt pour une série qui comportait le mot économique et où les mathématiques étaient déshabillés de toute leur poésie me paraissait une vaste farce.



Sur le plan du développement personnel, avoir l’esprit scientifique c’est avoir la maladie du pourquoi, qu’une question en appelle (de son sein) toujours une autre, que juché d’un pied sur la frêle échasse de sa connaissance l’on contemple l’immensité semblant s’étendre à l’infini de notre ignorance. A chaque trémulation de la ligne de base, guettant la chute, il se produit une danse d’ivresse et les bouches de l’esprit et de l’ignorance se rapprochent … jusqu’à l’effleurement, que l’air compris entre les quatre dents du bonheur serve tour à tour d’oxygène vital aux entités en présence. Les yeux sont contemplatifs, comme chez Gus Van Sant, parce que ce n’est pas parce que je ne vois rien qu’il n’y a rien à voir. Cet exercice d’abstraction de ses propres sensibilités auquel l’esprit doit s’exercer [me semble] est l’aboutissement ultime de l’évolution humaine. Quoi de plus farfelu et poussé que de chercher à raisonner dans un systèmeoù les interrogations sont des contestations à l'ordre fragile-établi et dont nous n’éprouvons pas la connaissance sensible au quotidien ?


Sur le plan relationnel, c’est une catastrophe.






… this must be underwater love.

Katerine - cervelle de singe

Mon père est un autobus impérial
Ma mère est une bouteille d'eau minérale
Mon frère est une pharmacie de nuit
Ma soeur est une symphonie
Moi je suis une rue à sens unique
Aux maisons construites à l'identique
Habitées par des femmes à moitié nues
Qui ne veulent pas êtres vues

Mais toi
Qui es-tu pour me décapiter
Mais toi qui es-tu pour m'écarteler
Avec les chevaux du ciel aux poignets
ahahahahahahahahahaaaah
ahahahahahahahahahaaaah
ahahahahahaaah

On se retrouvera en enfer
Mais c'est moi qui serai Lucifer
Ton père est un intestin déroulé
Ta mère est un cerveau carbonisé
Ton frère est un ventricule en charpie
Ta soeur est une maladie
ahahahahahahahaahaaaaah
ahahaahahahahahahaaaaah
ahahaahaahaaaaah
ahahahahahahahahaaaaaah
ahahahahahahahahaaaaaah
ahahahahaaaah

(on se croirait sur skybklog ici)

Mettre à disposition les paroles incite-t-il le bon peuple à écouter la bonne musique ?


09 décembre 2007

Lève la tête, tiens-toi droit.



Dix-neuf heures à l’hôpital, c’est l’heure que je déteste. L’heure où j’aimerais bien m’être déjà barré ou, tout du moins, être sur le point de le faire. L’heure où l’air est lourd dans la salle de soins, j’ai l’impression de porter tous les malades des étages supérieurs sur les épaules, du deuxième je suis l’Atlas de l’hôpital, je supporte la pneumo, la cancero, la neurochirurgie, la chirurgie plastique (bon ça c’est encore supportable) la médecine interne et l’ORL.

J’ai encore 45 minutes à une heure de transports en communs à me taper et il me reste un patient à voir. Je crains le pire, le plan foireux, le dossier médical réparti en trois dossiers, l’histoire de la maladie plus complexe qu’un Lynch ou encore la maladie ultra rare qu’évidemment je ne connais pas.

Bon, j’ai été trop pessimiste : le dossier est fin et propre donc récent. J’ouvre, c’est un médecin, un ancien psy, ça va, un médecin ça veut dire que l’interrogatoire ne va pas être trop difficile, qu’il soit à la retraite signifie qu’il ne va pas être trop chiant, pointer son doigt sur des lacunes qu’il pourrait dépister chez moi. Alors j’y vais sans lire le reste du dossier, l’interrogatoire avec ma bite et mon stylo.

Il est seul dans sa chambre, coté fenêtre, assis sur la chaise visiteur le coude contre la vitre, la tête portée par la paume de sa main, il regarde à l’extérieur… autant dire dans le vide. Vide, son regard est par moment vide, absent. A cette heure là, les patients s’abrutissent généralement devant la roue de la fortune ou le grand journal, lui non. Il y a un livre posé sur la table mais je pressens qu’il est insomniaque, qu’il le commencera vers 22 heures et qu’il sera toujours dessus à 3 heures du matin. Il est négligé élégant, toujours bel homme mais le départ de sa vitalité est perceptible, dandy usé, jusqu’à la corde. Les présentations sont classiques bonsoir je suis l’externe, bonsoir je suis le malade, ….

« _ Dites-moi pourquoi vous êtes hospitalisé monsieur ?
_ Je suis insuffisant cardiaque.
_ C’est votre cardiologue qui vous adresse ici ? (surpris, je suis en rythmo, il est insuffisant, il y a une faiblesse dans la logique)
_ Non, en vérité ma femme m’a quitté parce que je ne savais pas ouvrir mon cœur, je ne lui fournissais pas assez en bonnes émotions, mon cœur n’expulsait pas assez en quelques sortes, pour ça que je dis insuffisant. Vous savez, il y a les incontinents, ceux qui ne peuvent retenir leurs émotions et les insuffisants, ceux qui ne peuvent les exprimer. Insuffisant cardiaque est une belle métaphore, je trouve. En vérité (me regardant vraiment pour la première fois) j’ai un trouble du rythme, un bloc auriculo-ventriculaire de type II – Mobitz I… symptomatique, des syncopes …mais je ne sais pas si ça a un rapport, les pertes de connaissance ont commencés quand ma fe… (cette fois il se détourne totalement de la fenêtre et me fait face, le dialogue commence) … pardon mon ex-femme m’a quitté. D’une façon comme d’une autre je suis handicapé du cœur.»

Le contact passe, malgré tout, il a l’air de s’en foutre d’être ici, d’être malade. Il a parfois l’impression d’avoir un abdomen et un thorax vide, un esprit muré dans un corps trop vide et trop grand. Il n’a pas peur de la mort, sans la provoquer il la désire. La lassitude des week-ends de célibataires devant un écran à enchaîner un Mocky un porno jusqu’au Lundi matin. Un mocky un porno. Mocky-porno-mocky-porno-mocky-porno-mocky-porno-mocky-porno-morny-porko… l’apanage du célibataire en RTT, jusqu’à ce que la prostatite ou la tendinite s’en suive, c’est à qui faiblira en premier, jusqu’à ne plus savoir si l’on regarde un mocky ou un porno, jusqu’à ne plus savoir si’ l’on pleure où l’on éjacule. Je n’ai jamais compris les éjaculations faciales (si ce n’est l’aspect humiliation et tout ce bordel) voir son sperme renvoie à une pathétique image de soi, voilà pourquoi les hommes ont toujours cherché à le cacher, à l’enfouir, qu’on ne puisse jamais le retrouver.

Il a peur de perdre la mémoire aussi. Ce n’est pas la perte qui l’effraie, c’est de ne pas savoir ce qui partira en premier. Le souvenir d’avoir aimé comme il l’a fait ou le goût amer de la déception. Le bonheur ou la tristesse. Amnésie sélective, c’est le doute qui angoisse.

« Au moins il fait chaud, ici, avoir froid et rechercher une chaleur organique absente, rien de pire… » Sur ses mots nous nous quittons, pour la journée, pour le week-end aussi.

Je complète mon observation avec son dossier, du lexomil dans son traitement n’a rien de surprenant. Je le sais, ça calme le mal de cœur, quand il s’est fait prescrire ça il devait avoir des images de sa fe… pardon son ex-femme pénétrée par des pénis qui n’étaient pas le sien, elle devait aimer ça, à coups sûrs, elle devait haleter en demandant encore. Des hommes vulgaires, lui l’avait aimée mais ça n’était pas suffisant alors ça n’a rien de surprenant. Le lexomil ça calme les douleurs de type angine de poitrine sur coronaires saines.

Je sors avec de la compassion pour cet homme, j’ai sauté la barrière de l’empathie professionnellement définie. Je sors avec le sourire aussi, Sufjan Stevens y est peut-être pour quelque chose. Sortir, rencontrer des gens, peut-être intéressants, on ne sait jamais. Ca me donne le sourire même si cette soirée s’achèvera d’une façon (à la probabilité élevée) tout à fait banale, j’espère juste être assez usé physiquement pour ne pas avoir la force de regarder un Mocky.

Il ne faut jamais lire Schopenhauer quand on est heureux, encore moins avant l’amour au téléphone. Le cas échéant, envoyer des fleurs.



Girls in HawaiiJoking about my life [Chez Lenoir, s’il vous plaît]

Cette chanson me tue.


PS : Ségolène Royal publie un livre Ma plus belle histoire c’est vous. Les derniers mots sont « Je ne sais pas où et quand mais nous nous rencontrerons à nouveau ». On a de la chance quand même, de ne pas avoir élu la présidente Marc Lévy. De la niaiserie en barre, rien de plus.

UMP : Les déçus de Sarkozy se font déjà entendre, c’est bien marrant, je le disais depuis le début, rien ne changera, cet homme n’est que le Mitterrand de 2007, une vaste esbroufe qui en laissera plus d’un sur le carreau.

Finalement, le 6 mai, le seul vote humainement supportable était bel et bien le vote blanc. Ca aussi, ça me fait sourire.


Et bam, en vidéo en plus :


04 décembre 2007

Electricité et jardinage humain


Le rituel avait pourtant été le même que d’habitude. Dans le vestiaire exigu j’avais enfilé le pyjama vert turquoise, mis le bonnet rectangulaire et commencé à nouer les lanières de mon masque effaçant toute la partie inférieure de mon visage, derrière mes oreilles. Un coup d’œil dans le miroir : il ne restait plus que les yeux : j’étais prêt. Le sas passé j’ai pénétré dans la grande salle, comme je l’ai déjà fait de nombreuses fois auparavant. A intervalles réguliers je passais devant chaque salle d’opération. Ici un homme se faisait enlever un poumon, là son sang était aspiré par une machine, oxygéné et finalement recraché, réinjecté dans son corps, je connaissais ça… je savais que son coeur ne battait plus, qu’une potion magique l’avait paralysé, que tous ces tuyaux de plastiques et ces cylindres se substituaient à son métronome interne, à son organe le plus animal, à celui dont le nom est par trop souvent galvaudé ; je savais aussi qu’une fois son jardinage humain terminé, le chirurgien invoquerait discrètement le grand horloger pour que l’anesthésiste n’écorche pas la formule magique pour faire repartir son cœur.

Je me sentais bien dans cette salle, la lumière est très blanche, toutes les couleurs sont claires et très lumineuses, il n’y a aucune aspérité à laquelle s’accrocher, aucune trace d’humanité, de vie, tout est parfait trop parfait. Pour rendre les services un peu humains on eut la bonne idée d’accrocher de-ci de-là un poster de Monet ou encore de laisser un peu de bordel, ici non. Ici les seuls relents d’humanité qui ont été conservés sont les regards, minimalisme, toute autre forme de vie doit être éradiquée parce qu’ici, plus qu’ailleurs, pas le droit à l’erreur. Jusque dans l’odeur de désinfectant la stérilité se fait sentir. Chaque sens est dans le déni de la vie. Je me sens bien dans cette salle.

On m’attend salle 4. Je reconnais les gens, les yeux. Finalement, dans la vie, on n’a besoin que des yeux. Le reste est inutile, de la fioriture, des roues de secours pour les incontinents de l’oculaire. Le regard est le miroir de l’âme. Je connais un fantôme qui peut marcher à travers les murs et un chamane qui peut lire l’âme des gens grâce au langage du regard.

Jusqu’ici le rituel n’avait toujours pas changé. L’homme est allongé, nu, au centre de la salle : l’humain au milieu des hommes verts. La procédure était simple, je l’expliquais à mes deuxièmes années : « Le but est d’envoyer une telle source d’électricité, une telle puissance, au cœur qu’il s’en retrouvera totalement dépolarisé, il repartira alors comme au début, il battra d’un bloc, comme il faut, pas à gauche-à droite de façon anarchique, non, bien en cadence, réglé comme du papier à musique, c’est la moindre des choses que l’on puisse souhaiter à un homme : que son cœur batte en accord avec la partition de sa vie. On restaure les paramètres d’usines quoi. »

Les yeux bleus de mon interne se dirigent vers moi. « Tu veux ? » me tendant les palettes du défibrillateur.

« Ouais ? ouais. »

« C’est simple, c’est un bi phasique donc en vérité y a 300 kilojoules, tu touches pas le chariot sinon tu vas te retrouver propulsé sur le mur d’en face, tu fais gaffe quand tu vas décharger le corps va se soulever, tu ne te décolles pas sinon il va y avoir un arc électrique entre la palette et la peau et ça va cramer la peau… surtout avec le psoriasis ça sera pas super.» Ok. Je retiens tout ce qu’elle dit, ça va.

Les anesthésistes sont des menteurs, à partir de dix on ne dépasse rarement les six-cinq, l’homme ne fait pas exception. Il ronfle, j’appose les palettes à sa peau, entourant le cœur.

L’appareil se charge, je me colle, je vérifie une dernière fois, j’envoie. Il décolle bien, pas exceptionnel mais bien, je sens son corps se soulever sous mes mains tandis que je lui envoie 300 kJoules en plein dans le palpitant.

/Reset.

/Please wait…

/…

Les yeux se fixent sur le scope, son cœur parle sous forme de lignes électriques. On veut juste que son cœur nous parle d’une certaine façon, bien codifiée, bien sequencée. On attend…

/…

« Sinusal »

C’est bon.

/Defaults settings restaured


Et puis on repart, comme on est entré. Ici ça n’a rien d’exceptionnel, le pain quotidien. Philip Roth a raison, quelle est l’utilité du surréalisme quand on évolue dans ce milieu ?


02 décembre 2007

Nous baisions comme des esquimaux


Philip Roth est américain.
Philip Roth est écrivain.
Philip Roth est juif.
Philip Roth n'aime pas Woody Allen.

Cela fait déjà quatre bonnes raisons d'aimer Philip Roth. Cet article aurait pu s'appeler "Philip Roth et moi" ou encore "La bite de Philip Roth" mais cette dénomination de chapitre fut déjà utilisée par Yann Moix dans son livre Partouz. A la différence de Yann Moix, j'écris de mieux en mieux et je ne suis pas un obsédé sexuel. (bon, en vérité si mais il ne faut pas que mon lecteur s'en doute, il doit me croire singulier, différent des autres soit honnête et non-obsédé). Il n'y a pas de lien entre le titre et le contenu, la dualité signifiant-signifié est un rendez-vous manqué. Ou pas. Ouvrir le champ des possibles, vois-y ce que tu y cherches.

"Il entra un mercredi matin de bonne heure, pour se faire opérer de l'artère carotide droite. Le cérémonial avait été exactement le même que pour l'opération de la carotide gauche. Il attendit dans l'antichambre vitrée, avec tous les candidats à l'intervention, l'appel de son nom. Et dans sa chemise d'hôpital impalpable, ses pantoufles en papier, il fut conduit par une infirmière en salle d'opération. Cette fois quand l'anesthésiste masqué lui demanda s'il voulait une anesthésie locale ou générale, il demanda la générale, pour rendre cette intervention plus supportable que la précédente.

Les paroles prononcées par les os l'avaient rendu allègre, insubmersible. De même que son triomphe de haute lutte sur son propre marasme. Plus rien ne pourrait éteindre la vitalité de ce gamin dont le corps-torpille fuselé, immaculé, avait jadis chevauché les grosses vagues atlantiques, dans l'océan déchaîné, à cent mètres des grèves. Oh, quelle ivresse ! l'odeur de l'eau salée, la brûlure du soleil ! La lumière du jour, la lumière qui pénétrait partout, jour après jour d'été, la lumière du jour, brasillant sur la mer vivante, trésor optique si vaste, d'une valeur si astronomique, qu'il croyait voir sous la loupe de son père, gravée à ses initiales, la planète elle-même, parfaite, précieuse, sa demeure, ce joyau d'un million, d'un billion, d'un trillion de carats, la Terre ! Il coula sans venir voir le coup, sans jamais pressentir l'issue, avide au contraire de s'assouvir encore, mais il ne se réveilla pas. Arrêt cardiaque. Il n'était plus. Affranchi de l'être, entré dans le nulle part, sans même en avoir conscience. Comme il le craignait depuis le début."

Dans la rubrique je suis un bâtard et je dévoile la fin des livres voici la fin du dernier Roth - Un homme. Ca n'a pas d'importance, la fin est l'amorce du début et l'histoire est banale : celle d'un homme dont l'on suit la vie via les expériences communes à tous : la maladie, la mort. Ce qui compte c'est le traitement, le style, se laisser porter par les mots, ceux qui soulèvent à quelques centimètres du sol et qui transportent ailleurs, d'un seul tenant jusqu'à la séparation d'avec la voix du livre. Comme l'Etranger de Camus ou un livre de Laurent Graff. Et puis. Marre des bouquins sans renouvellement de style avec des messages du style "la tv c'est le mal" (ah bon ? et si la tv ne servait au bon peuple que ce qu'il demande, et si l'on acceptait de voir que ce n'est que le symptôme et non l'étiologie) "bush est con et sarko aussi" (vraiment ?) "la guerre c'est moche" (ça depend du point de vue) "la société de consommation ultra-capitaliste dans laquelle nous évoluons est génératrice de frustrations dégradant ainsi les rapports inter-humains censés nous élever spirituellement et socialement favorisant le développement personnel de chacun tandis que chez les animaux tout est amour (j'ai envie de dire triple lol). Faciles, éculées, chiantes. Bref toutes les thématiques présentes lors de cette soirée avec étudiants dans laquelle j'ai regretté de ne pas avoir amené un bouquin. Céline... ouais. Au coin du feu... Voyage au bout de la nuit. Putain... quel coup de génie cela aurait été, quelle provocation : snober ces faux-socialistes en lisant le plus grand auteur de tous les temps dans mon coin, un auteur de droite et arborant un antisémitisme dominical de surcroît. Au lieu de ça j'ai entendu les truismes d'une génération incohérente et toujours adolescente à 22 ans, en guerre contre le système mais pas contre la mairie socialiste de Nantes. (pour avoir vécu dans une ville UMP je ne vois pas trop la différence, ah si : la mairie socialiste de Nantes a augmenté ma taxe d'habitation de 30 %, triple :-/ ) J'ai voulu me barrer mais ça a parlé d'amour. Je me sentais mal à l'aise mais je pressentais que des phrases cultes pouvaient facilement émerger dans cette situation. Le plus beau geste d'amour... Je n'allais pas répondre avec un témoignage personnel, alors j'ai devié vers l'amour de type mère-enfant, j'ai cité le sextuple infanticide de Martha Goebbels. Les gens n'ont pas compris, c'est compréhensible, ce qui l'est moins c'est de ne pas chercher à. (je comprends que l'on puisse être étonné, j'étais tout enclin à m'expliquer) Ils ne devaient sûrement pas encadrer les nazis voire plus simplement les racistes. Pour moi c'est pareil, les racistes et les arabes, tout ça me sort par les yeux. Silence. Les red hot chili peppers alors je me suis barré sec. Il y a des fautes de goût que je pardonne mais ça non, non vraiment pas. Je me dis que j'ai encore pu échapper à Elodie Frégé ou olivia ruiz, on sait jamais. ON SAIT JAMAIS.

J'ai remonté la rue de Strasbourg avec la nocturne n°2 de Chopin en mi bémol majeur dans mon ipod micro. Je me sentais déjà mieux, les voitures descendant la rue au milieu de la nuit sont des cygnes lumineux glissant sur une eau noire, les gens ivres des danseuses agiles et les lumières urbaines des étoiles de douceur depuis trop longtemps disparues. En ce moment privilégié ma marche se cadence au piano, automatique, elle répond à la musique, je n'ai plus de volonté sur elle.

Il a bien fallu que cela s'achève, comme tout finalement.

J'enlève les écouteurs, la porte de l'immeuble claque violemment dans mon dos, l'appartement jaune est vide et sa lumière bien trop artificielle, la rue retrouve son vrai visage porteur d'ivrognes titubants hurlants à l'ivresse et de bruits de bouteilles cassées, je perçois la rue à travers ma fenêtre et ça ne me plaît pas. Puisque nous est mort je préfère m'isoler dans une illusion. Je voulais retrouver les salauds de Philip, ceux qui trompent leurs femmes à tour de bras mais qui pour garder la face aux yeux de leur fille, épousent des mannequins écervelées sans intérêts juste parce que c'est avec elles qu'ils se sont fait baisés et qu'avec un peu de chance ça passera pour de l'amour (et donc quelque chose de sérieux) et non pas un coup, dans un vagin, dans le vent (alors que c'est justement ça). Ils ont quelque chose d'attachants eux, il y en a non mais eux oui.

"La jalousie, ce poison. Et sans provocation, encore. Jaloux même quand elle me disait qu'elle allait à la patinoire avec son frère de de dix-huit ans. Est-ce que c'est lui qui me la volera ? Dans ces liaisons qui tournent à l'obsession, tu n'as plus ton assurance habituelle, surtout quand tu es en plein dans le cyclone, et que la fille a le tiers de ton âge. J'ai des inquiétudes quand je lui téléphone, tous les jours, et des inquiétudes après qu'on a raccroché. Par le passé, les femmes qui exigeaient des des appels quotidiens, des échanges de coups de fils, je m'en débarrassais systématiquement - et voilà que c'est moi qui exige d'elle ma dose quotidienne de téléphone, sinon je suis en manque. Pourquoi est-ce que je l'encense au fil des conversations ? Pourquoi je n'arrête pas de lui chanter combien elle est parfaite ? Pourquoi j'ai toujours l'impression d'avoir dit ce qu'il ne fallait pas ? Je suis incapable de me faire une idée de ce qu'elle pense de moi, de ce qu'elle pense de tout, et mon désarroi me pousse à dire des choses qui sonnent faux ou qui me paraissent excessives à moi-même, si bien que je raccroche plein d'une rancune muette envers elle. Mais quand, chose rare, je réussis à passer une journée sans l'appeler, sans lui parler, sans la flatter, sans sonner faux, sans lui en vouloir de ce qu'elle me fait subir en toute ignorance de cause, c'est pire. Je me lance dans une activité fébrile et rien de ce que je fais ne m'apaise. Je n'ai pas le sentiment d'avoir auprès d'elle l'autorité nécessaire à mon équilibre, et pourtant, c'est de l'autorité qu'elle me trouve."

Philip Roth, La bête qui meurt. Comme chez Buzzati, la psychologie masculine est finement mise à jour, dans toute sa faiblesse. Ca sent plus que le vécu et on a de l'amour envers ce frère d'armes, parce que c'est pareil à la maison - différence d'âge mise à part et la saloperie aussi. J'ai voulu être intègre, quelqu'un de bien qui ne triche pas, c'était peut-être une erreur. Je ne vois même pas de quoi je me plains, je suis le premier à clamer que la recherche de justice dès que l'on sort d'un système purement social est ridicule. J'ai toujours légitimé les salauds, j'ai fait l'erreur de plaider une cause qui n'était pas la mienne. Il n'y a plus de sens, il n' y a jamais eu de sens, cela n'a aucune importance. Je me détache de plus en plus de la réalité.

18 novembre 2007

Lettre à e.


"C'est comme si les éléments s'étaient mis de concert avec toi. Ce lundi 12 Novembre, vers 18h45, Rires et Chansons passait un sketch de Fernand Raynaud et c'est ce moment là que tu as choisi pour mourir. Tout y était : tragique, comique et je te connais trop bien, toi et ta volonté de tout contrôler pour t'en croire non coupable.

De quatre nous grandirent à cinq et redevenons quatre. Pendant quelques instants, tu as été notre noyau, assurant notre cohérence et cherchant à nous élever vers une vie plus belle. Tu as voulu nous éduquer au bien-être, au bonheur voire même à la joie de vivre. Cela a presque marché, il faut l'avouer. Chez nous quatre nihilistes, tu as su provoquer en nous des étincelles, des frissons, des espoirs... Icare s'était même remis au vol, il disait apprécier la chaleur caressant son corps chaque fois qu'il ouvrait ses ailes. Le jour de ta mort, nous l'avons cherché, retrouvé écrasé recroquevillé la gueule ouverte, la moitié du visage dans le sable, la marée commençait à le recouvrir comme l'on recouvre un cercueil de terre lors d'un enterrement. Le regard fixe, dans le vide, il nous a dit qu'il ne réessayerait plus, jamais, immobile il nous a chuchoté qu'il resterait là, à attendre une mort provoquée de sa propre volonté, pour le pire comme le meilleur tu l'as inspiré. Spirale s'est arrêté de danser, n'ayant plus de soleil à fixer il s'est remis à tourner en mode égocentrisme, ne prêtant plus attention à ce que ses bras peuvent apporter.
Quant à Théorème, il est au plus bas, avec toi il a perdu un grand calculateur, il a toujours été admiratif des stratagèmes que tu élaborais pour obtenir ce que tu recherchais ; il venait de finir de lire "Apprendre à mourir - la méthode Schopenhauer" d'Irvin Yalom, il s'est exclamé : quelle ironie. Oui, quelle ironie.

Aujourd'hui Monsieur E. nous t'offrons ces funérailles de vikings, conformément à ton souhait. Nous fûmes surpris lorsque, sentant que cet ultime accès de mélancolie te serait fatal, tu nous as demandé quel moment nous serait sied pour ton "départ". Cette ultime politesse cachait-elle une ultime manipulation de ta part sur le sujet de qui tire les ficelles des pantins que nous sommes possiblement ou était-ce dans la logique du sens du narcissisme extrême ( à savoir : être disponible, gentil et à l'écoute dans un seul but : être aimé) ?

Avec ta perte nous perdons également le "bien", tout ce que nous avions acquis de positif que tu avais pu nous insuffler lors de ton arrivée. Nous sommes quatre régressants et régressifs, de par ta nature ouverte, ton optimisme et ta volonté de t'en sortir tu étais si différent de nous. Nous nous étions calquer sur toi dans l'espoir d'une vie meilleure, et, l'espoir que tu nous a promis, nous y avons cru, même les plus sceptiques d'entre nous.

La moquerie fut peut-être notre seul point commun et sache que nous n'arrêterons pas pour autant, surtout envers ceux qui profitant de ta mort n'hésite pas à dire de toi que tu étais un "bouffon". Le mauvais goût sera toujours en ligne de mire de notre vitriol et aucun bouc n'en sortira indemne. Nous te le promettons.

Alors que le bateau qui transporte ton corps vers l'invisible derrière l'horizon s'embrase, le temps commence à faire son travail. S'effacent les souvenirs, les sentiments que tu as suscités chez nous, ceux que nous n'avions ressentis avec personne d'autre que toi. Plus personne ne se souviendra de Monsieur E. et du bonheur qu'il nous a donné, qui sera là pour en témoigner ? La légende, peut-être, racontera que ton nom demeure inscrit sur une carte cachée, avec un petit chien à tes côtés. Du moins si elle existe toujours. Peu de gens comprendront son signifié mais ça n'importe pas.

Nous retournons quatre nihilistes, nous ne bougerons plus de la plage que tu aimais tant. Monsieur Renard y sera heureux, j'en suis sûr.


Icare, Spirale, Théorème et moi-même, Moria, te disent, tandis que ton corps ainsi que ton souvenir s'éloignent irrémédiablement : Adieu Monsieur E."




Led Zeppelin - Baby I'm gonna leave you

08 novembre 2007

Carrousel

Novembre.
La mélancolie.
Depuis qu’il fait tout gris.


Enfin… le ciel s’accorde aux teintes d’humeurs. Hippocrate en décrivît quatre. Il basa toute sa vision du corps, de la physiologie et in extenso de l’Art médical dessus. Sang, phlegme, bile jaune et noire suffisent-elles ? SPA. Socrate-Platon-Aristote. Aristote fût un traître et dans son Problème XXX il montra intérêt à l’humeur mélancolique. L’élève se doit de trahir, dans la perspective de dépassement du passé, son maître, alors il eut, sur le moment, raison (comme Freud avec Charcot, comme Jung avec Freud, ou encore comme Revan envers Kreïa)[Je me rends compte que j'écris encore comme BHL, c'est suffocant et désagréable]. C’est écrit dans les gènes, place au plus adapté, une pensée pour Charles.


Le Zouave m’a dit que ma pensée est contagieuse, c’est inquiétant comme gratifiant, cela signifie au moins d’être compris. Tu sais, mon zouave, j’aimerais que l’on se retrouve plus souvent, les temps sont durs et nos discussions me manquent, et tu sais que tu n’as pas besoin de mettre tous tes attributs sur le tapis pour que je me couche.


A l’exégèse de la bible moderne (le DSM-IVR), il c’est révélé que je présentais (comme on dit) une personnalité à la croisée de la personnalité schizoïde et paranoïaque, mais pour l’instant tout va bien. C’est sans doute le syndrome de l’étudiant qui m’a tour à tour traumatisé en cherchant à insinuer à mon système de logique que j’étais atteint d’un phéochromocytome, d’une insuffisance cardiaque droite, d’un syndrome de Cushing, d’une hyperthyroïdie, d’un tremblement essentiel, d’un léger Klinefelter, d’un myélome, d’un trouble bipolaire de type II voire d’un trouble cyclothymique. La seule chose réelle est le syndrome de l’essuie-glace qui traîne depuis plus d'un an, ce qui est beaucoup moins glamour et donc moins utile pour draguer dans notre société moderne.


Mais la vie continue et puisque rien n’a de finalité, dansons sur les bords de la spirale en ignorant dans quel sens elle tourne véritablement. Chaotique sans être tectonique, le mouvement brownien des particules élémentaires-êtres, le choc, échange d’énergie, réactions de complémentations – annihilations. Transitions de niveaux, émission de photons. D’un niveau à l’autre, raccroche-toi à chaque teinte de gris que symbolise chacun de ses bras en prenant garde, si tu tiens à ta fierté, de ne pas tomber. Parfois en quête de primaire, j’essaye de tomber en son ventre. Aller taper dans ses viscères, vérifier que son bestiaire n’à pas bouger, voir de quoi il tourne et si ça me retourne, toujours. J’ai entendu des murmures en bas, la survie dans l’instant serait assurée par le plaisir gustatif et la survie dans l’avenir par le sexuel, au-delà : rien. Ca bouge, oui, pardon c’est un escalator ou un toboggan ? Je ne peux vous répondre, monsieur, Schopenhauer a retiré les panneaux directionnels il y a bien quelques années maintenant, j’étais au collège Jules Ferry à l’époque, depuis il n’en reste qu’un, là-bas. Autres Directions.


En parlant de. Par plaisir des mathématiques.


Soit a appartenant à l’ensemble A et b appartenant à B. Indice : a est issu de la division de b avec un autre évènement de A, a fut même en b durant une période finie.

« Il a fallu que l’intelligence d’A fut obscurcie par l’amour pour ce qu’il ait appelé beau ce sexe de petite taille, aux épaules étroites, aux larges hanches et aux jambes courtes. »

a, à propos de B.

« Te lamenter sur le monde stupide et la misère humaine n’avance à rien, cela me fait passer une mauvaise nuit et faire de mauvais rêves. Je n’ai plus eu aucun moment désagréable dont tu ne portais la responsabilité. »

Lettre de b à a.


Je sortais d’une énième nuit de garde, la fatigue, le froid, 7h30, tout ça après un patient arrivant en plein milieu de la nuit avec une Hb à 4.6 « je me sentais un peu essoufflé depuis quelques jours », transfert du premier culot d’O- aux urgences, et là, bam, œdème aigu pulmonaire. La lumière artificielle en période nocturne fait virer mes yeux au magenta, l’iris encore plus verte. Ma barbe de quatre semaines me gratte plus que mes cols roulés dans lesquels je me réveille parfois à cinq heures du matin (pendant que Yann Moix, à cinq heures du matin, à la tête dans un vagin). Je m’amuse (légèrement) à ré attraper la fumée exilée de ma bouche dans le froid, je ne regarde pas où je marche, presque les yeux fermés. Bref je dois avoir l’air d’un mystique et c’est sûrement ce qui conduit cet homme vraisemblablement éthylique et sans domicile à m’approcher. Il me parle, c’est du russe. Tu t’trompes mec, j’suis pas Raspoutine pour un sou, quoi ? ouais je sais 30 cm de bite le p’tit Grégory, moi ? non hein, haha. On rigole, il me demande de lui chanter quelque chose pour lui et ses amis (qui viennent de m’entourer) j’accepte, l’un d’eux me tend une guitare, merci j’en demandais pas tant. Je lui fais une reprise de Mi and l’au. Pour le plaisir, et parce que it’s so long. Je lui dis que les clichés furtifs se font disparates avec le temps, que les sourires figés par la mémoire se désunissent des bras et des jambes par le passé entremêlés, le souvenir se démantèle.


« C’est plutôt triste. » C’est gris, lui dis-je. Bon, maintenant ce que je voudrais c’est que tu te calmes, gros blaireau. La prochaine fois je te jouerai Hearsay de 31 Knots.


27 octobre 2007

Curiosité médicale

La médecine c'est merveilleux.

On va chez son médecin traitant pour mettre à jour ses vaccins et on repart avec des anxiolytiques.

Bon, ça m'apprendra à parler de moi à quelqu'un. Je n'aurais pas du chercher une oreille pour m'écouter (je ne parle même pas de solution - ça je sais bien que personne si ce n'est moi ne la détient, pas de deus ex machina, il suffit juste de démêler les noeuds et corriger les schèmes erronés).

Dr UMP a donné au Dr Gachet les boîtes de Lexomil inutilisées de son président préféré.

"Dans les troubles psychosomatiques, la localisation de la plainte du patient correspond davantage à l'idée qu'il s'en fait qu'à l'anatomie réelle". Paye ton diagnostique différentiel pour moi qui connais mon anatomie. Cette sensation de striction, d'oppression thoracique prédominante à gauche, ces mouvements respiratoires superficiels et incomplets... ça sent l'augmentation pathologique de la réponse adrénergique. Ou alors. Je vais peut-être mourir du coeur, mais totalement du coeur, hein, de l'organique pur, sans tare psychique sous-jacente. Je suis jeune mais bon. Y a eu Guy Moquet avant. Guy aurait-il eu un skyblog ? Il aurait clandestinement adressé un KiKoO d'adieu à sa famille et laché en com' "JspeR ke lé fring s'ront pas too grdes, C du M mé sa taye petit" .

Ou alors c'est un ulcère gastrique. Secondaire à Algore Pylori. L'infection au prix Nobel d'al gore. L'homme qui n'a rien fait pour le Darfour, l'homme qui ne se déplace qu'en jet privé, l'homme qui prend 175 000 $ pour 30 minutes de conférence (pire que David Dominguez !), l'homme dont la maison consomme 10 fois plus d'énergie que la maison américaine moyenne - pourtant réputés pour leur sens de l'économie énergétique. Attention, il est nécessaire de rappeler que cet homme a été l'adversaire de Bush, donc forcément quelqu'un de bien aux yeux des français. Répétition. Mars/avril 2007, pour vous faire applaudir par une foule en liesse sur un plateau TV, dites du mal de sarkozy, qu'importe que ce soit justifié ou non, dites du mal, vous niquerez.

Bientôt sur vos écrans : gromichael moore prix Nobel de médecine/physiologie pour son film Sicko, film empreint d'une objectivité et d'une pertinence rare.

Cet enfoiré d'algore devait sûrement applaudir cet enfoiré de sarkozy lorsqu'il prononça le gel des cultures OGM et la taxe carbone et autres mesures d'un courage exemplaire ! Le gel des cultures OGM est sûrement le meilleur moyen de stopper la pollution des nappes phréatiques par les pesticides et engrais et de diminuer le tarissement des nappes phréatiques du à la consommation exorbitante d'eau nécessaire à une culture intensive moyennement rentable. Mais il est vrai que ce problème est négligeable à coté de celui que pose le réchauffement des plages du cap-ferret au mois d'août rendant les vacances insupportables avec, en plus, une obligation faussement morale à s'occuper de ces aïeux en période de canicule bubonique. La taxe carbone si elle s'applique aux entreprises sera un bon moyen de les taquiner à augmenter leurs prix (la fabrication d'un produit revenant plus cher - toutes taxes comprises) et si elles s'appliquent aux véhicules dissuadera sûrement la gauche caviar qui n'a aucun problème à boucler son mois d'utiliser son 4x4 à tout bout de ville. Par contre aucun problème pour les petites gens qui n'ont pas le pouvoir d'achat suffisant à l'acquisition d'un véhicule écolo, et puis, généralement ces gens-là votent à droite alors, bien fait pour leur gueules.

Curieux cette taxe carbone alors que la TVA sociale (qui si correctement usée ne devait pas augmenter les prix) fut refusée. Suite à deux rapports qui arrivent (alors qu'on ne les attendaient pas) simultanément (hum) à un moment de fébrilité élyséenne (humhum) pour dire Ohbençaseraitpascooldecollerlatvasocialemaintenant,nousdemandezpaspourquoi. Sur ce coup, sarkozy a eu les couilles d'un 2 villep1 au moment du cpe (et pourtant Allah sait comme j'aime cet homme). Enfin bon : Lehaïm.

Et puis le mouvement des internes, des externes et des chefs de clinique. Selon Marianne, le seul a inquiéter le gouvernement. Ben ouais, imaginez le truc, ils trouvent aussi qu'il y a un problème, qu'il faut le résoudre, que la situation ne peut plus durer, pire ! ils veulent négocier. Flippant. Comme François Bérout, nous payons notre indépendance idéologique. Mouvement au relais médiatique très faible et pour cause, nous nous opposons au gouvernement (donc pas de soutien de la droite) et nous sommes tous des nantis de droite finissant à 14 heures pour aller au golf (donc pas de soutien de la gauche). J'exagère, 30 secondes chez pernault et Rue89, un article, tous deux d'une pertinence abracadabrantesque. Vendu comme soit-disant indépendant, être journaliste, avoir fait un BTS journalisme et taxidermie n'immunise en rien de la connerie et des stéréotypes. Une bonne fois pour toutes : 1) la déconvention n'est pas la solution pour Marly-Gaumont parce qu'entre être forcé à s'installer à un endroit et devoir se déconventionner (donc pouvoir pratiquer des tarifs de bâtards non remboursés) pour beaucoup le choix sera vite fait. 2) Il faut (continuer de) développer les mesures incitatives et la création de petites structures regroupant quelques médecins et au moins une infirmière permettant de faire des gestes élémentaires style ECBU, NFS et j'en passe... 3 ) La surpopulation médicale est un mythe : vous avez déjà vu des endroits où les médecins courent après les patients à chaque coin de rue ? Même où il y en a plus qu'ailleurs, il en manque. 4 ) Il ne s'agit pas que de défendre notre liberté d'installation sinon, soyons clair, le lobby médical (profession la plus représentée à l'assemblée) aurait fait son deal en douce. 5 ) facultatif. On ne change pas les règles en cours de jeu.


Bien heureusement, il y a des soirées comme ça. On ne s'attend à rien, juste à rejoindre une bande de joyeux furieux au bar'ouf, une soirée de folie ordinaire à Cholet. On y va et on tombe sur ces tarés de 31 Knots. Peut-être le concert de l'année, une communion avec le public incroyable, un charisme hors norme, une technicité pas chiante, un 3ème rappel pourri parce que la cinquantaine de personnes en redemande si fort qu'ils sont obligés de sortir un morceau des fonds de tiroir.






Peut-être que la localisation, le mode de fonctionnement de la plainte est juste "symbolique". je détestais cette chanson la première fois que je l'ai entendue et puis Kid A est devenu le meilleur album de Radiohead (et le restera sûrement).

Radiohead - idioteque




11 octobre 2007

I've lost my animal, do you find it ?

_tst#01 = Il est dix-neuf heures, je lève les yeux à la fenêtre. Les ailes nord et sud montent et cheminent de toutes leur masse bétonnée de chaque coté, limitant l’horizon à l’ouest, la mer, l’évasion. Il est dix-neuf heures et je sais. Je sais que pendant que des connards vont faire leurs courses au Framprix (les connards vont toujours faire leurs courses aux heures de pointes), qu’ils réfléchissent à la façon dont ils vont troncher leur(s) nana(s), s’ils vont dépasser les cinq minutes, s’ils vont feinter les larmes lorsqu’ils avoueront l’adolescentère… Pendant qu’ils réfléchissent à ce genre de choses, moi j’ai deux gants sur ma main droite. Mon patient, Sébastien Chabal-version SDF, n’ayant rien trouver de mieux que d’avouer à demi-mot qu’ils n’avait pas de transit depuis 15 jours. Si j’ai deux gants sur ma main il est alors inutile de préciser que je suis le commis à l’extraction du fécalome.

Il est dix-neuf heures, je suis là depuis 8 heures ce matin, debout, j’ai eu vingt minutes pour déjeuner, j’ai du gérer une famille d’histrioniques (je déteste ces gens) pleurant à outrance le décès matinal d’un des leurs qu’ils avaient royalement ignoré durant sa période ante mortem, essayer de faire quelque chose pour un patient qui ne pense qu’à la prochaine race qu’il se collera dès sa sortie du temple et pour finir je vais faire carrer mon doigt chez cet homme qui ne s’est pas lavé depuis le deuxième titre de Larusso. Je suis là depuis lundi, je serai là demain, je serai là samedi matin, je fais une nuit samedi soir, je fais une nuit dimanche soir, je sais que je passerai vraisemblablement ma soirée de ce soir dans les RCH ou dans la maladie de Crohn (histoire de ne pas me faire fumer pendant la visite du senior demain), nicolas sarkozy veut, de surcroît, nous sucrer notre liberté d’installation. Alors il m’arrive d’y penser.

Pendant ce moment d’échappement, j’y ai pensé, en plus de la vie des autres. [Repose en paix Ulrich Mühe]

« Respirez monsieur, lentement, amplement »


In a house – in a heartbeat…


_tst#02= De l’externe au chef de service, ce vendredi après-midi, tout le monde est obligé d’assister à la conférence de trois heures (sur le syndrome de Zollinger-Ellison) fait par un gastro qui n’a pas du exercer depuis 10 ans, tout ça parce que c’était le mentor du chef de pôle. L’élève attendait sans doute que la solution à tous ces problèmes cliniques tombe de la main de Dieu, hélas pour lui ce fut un chirurgien (donc quelqu’un qui se prend pour Dieu) qui apporta les réponses les plus cohérentes et bénéfiques pour les patients. Nous avons assisté à la déchéance commune à tout médecin qui s’arrête d’exercer. Après une légère bataille d’ego s’est déroulé un exposé d’une heure d’un chirurgien cherchant à occuper son temps libre de retraité portant sur la main dans la peinture florentine du XIVème siècle (à quelques exceptions près). Même en faisant abstraction de la durée, j’ai préféré l’éloge de la main, sûrement pour le dandysme, la préciosité et le lyrisme de l’orateur. Alors j’y ai pensé, aussi.


… & Don abandons Alice.


Le fait que je me pose cette question [me suis-je tromper de voix ?] admet, presque sans doute aucun, une réponse négative.

Ou le masochisme… à voir.

Salut, je suis en quête de mon animal, est-il passé sous tes yeux ?

30 septembre 2007

Rentrée littéraire


Hier je me suis déguisé en MC Jean Gab'1. Peu de gens m'ont reconnu. Manque de culture hip-hop, ivresse aiguë ? Je ne sais pas, en tous cas pas imputable à mon formidable déguisement et à mon flow - pur produit de la consanguinité, ultra filtrat de vitriol vendéen. Peut-être le miroir que je renvoyais aux gens, peut-être. Jogging, Air Jordan, DIM apparent, chaussettes remontées. Refoulement, agressivité, suite logique des choses : c'est possible de faire tourner la skyroulette ?

Hier donc j'eus l'idée prétentieuse de faire de ma rentrée littéraire un message. En hommage à l'adolescence et aux coups dans le vent, j'ai voulu imiter brest machin hélice et son chef d'oeuvre de la bibliothèque rouge des rebels de 15 ans
American Psycho. "Dédicace à la Terminale STT 3 du lycée MC Jean Moule'1, on se voit tous au concert de blink cent quatre-vingt deux.". Name dropping pour lui cover-drop pour moi.

Vincent Delerm aurait pu être une cible mais déjà beaucoup de monde lui crache à la gueule donc c'est moins marrant. C'est beaucoup plus jouissif de chier sur les étendards de la fausse contre-culture de masse type Larry Clarck, Che Guevara, Michael Moore.

Donc des livres. Rires, émotions, émerveillements, réflexions, ivresses, contraintes.












(merci Stéphane)



Ouais ma gueule.


21 septembre 2007

Moi et le monde

"Le fait que j'existe prouve que le monde n'a pas de sens. Quel sens pourrais-je trouver, en effet, dans les supplices d'un homme infiniment tourmenté et malheureux, pour qui tout se réduit en dernière instance au néant et pour qui la souffrance fait la loi de ce monde ? Que le monde ait permis l'exis­tence d'un humain tel que moi montre que les taches sur le soleil de la vie sont si vastes qu'elles finiront par en cacher la lumière. La bestialité de la vie m'a piétiné et écrasé, elle m'a coupé les ailes en plein vol et refusé les joies auxquelles j'eusse pu prétendre. Mon zèle démesuré, l'énergie folle que j'ai déployée pour briller ici-bas, l'envoûtement démoniaque que j'ai subi pour revêtir une auréole future, et toutes mes forces gaspillées en vue d'un redressement vital ou d'une aurore intérieure — tout cela s'est révélé plus faible que l'irrationalité de ce monde, qui a déversé en moi toutes ses ressources de négativité empoisonnée. La vie ne résiste guère à haute température. Aussi ai-je compris que les hommes les plus tourmentés, dont la dyna­mique intérieure atteint au paroxysme et qui ne peuvent s'accommoder de la tiédeur habituelle, sont voués à l'effondrement. On retrouve, dans le désar­roi de ceux qui habitent des régions insolites, l'aspect démoniaque de la vie, mais aussi son insi­gnifiance, ce qui explique qu'elle soit le privilège des médiocres. Seuls ces derniers vivent à une température normale ; les autres, un feu dévorant les consume. Je ne puis rien apporter au monde, car ma démarche est unique : celle de l'agonie. Vous vous plaignez que les hommes soient mauvais, vindicatifs, ingrats ou hypocrites ? Je vous propose, quant à moi, la méthode de l'agonie, qui vous permettra d'échapper temporairement à tous ces défauts. Appliquez-la donc à chaque génération — les effets se manifesteront aussitôt. Ainsi me ren­drai-je peut-être, moi aussi, utile à l'humanité !

Par le fouet, le feu ou le poison, faites donc éprouver à chaque agonisant l'expérience des der­niers moments, afin qu'il connaisse, dans un atroce supplice, la grande purification qu'est la vision de la mort. Laissez-le ensuite partir, courir terrorisé jusqu'à ce qu'il tombe d'épuisement. Le résultat sera, n'en doutez pas, plus brillant que celui qu'on obtiendrait par les voies habituelles. Que ne puis-je mener le monde entier à l'agonie pour purger la vie à sa racine ! J'y placerais des flammes brûlantes et tenaces, non pour la détruire, mais pour lui communiquer une sève et une chaleur différentes. Le feu que je mettrais au monde n'entraînerait point sa ruine, mais bel et bien une transfiguration cos­mique, essentielle. Aussi la vie s'accoutumerait-elle à une haute température, et cesserait d'être un nid de médiocrité. Qui sait si la mort même ne cesserait, au sein de ce rêve, d'être immanente à la vie ?

(Écrit en ce jour du 19 septembre 2007, mon vingt-deuxième anniversaire. J'éprouve une étrange sen­sation à la pensée d'être, à mon âge, un spécialiste du problème de la mort.)"

La messe est dite. Musique maestro.


07 septembre 2007

Lettre à Lou


Mon ami,

au moment où ton travail passé commence à porter ses fruits, tu es acculé par la calomnie, le mensonge, progéniture des jaloux. Tu essayes de supporter avec l’élégance qui te caractérise les railleries et quolibets de ces enfoirés de Sarkozystes.

Je t’ai vu hier, sur mon écran de télévision. Tu n’as pas perdu ton sens de l’humour, toi… En revanche lui, il n’en a jamais eu d’humour. As-tu vu Rachida Dati quelques jours auparavant, dans la même émission, répondre à la question sur quelle était sa blague préférée ? « Qu’est-ce qu’un canif ? C’est un p’tit fien.» Non mais je rêve, comment peut-on être président avec un humour aussi misérable ? Et dire qu’il nous méprisait lorsque nous rions à gorges déployées lorsque l’on se racontait la blague du vampire ou encore celle des deux putes siamoises. Cioran ne supportait que Camus lui donne des conseils, il disait : « Camus, l’homme à la culture d’instituteur, me donne des conseils, c’est incroyable ça ! » j’aime trop Camus pour faire une analogie mais il devrait savoir qu’avec sa formation juridique il est évident qu’il n’a aucun sens de l’humour. Les seuls moments d’humour véritables à l’Elysée doivent être quand lui et sa cour végétative admirative demandent à Bigard de déplacer les meubles afin de se gausser du désarroi euphorique du malvoyant Montagné. Quant à Rachida, parait-il qu’il lui a limé le cul pendant tout son séjour à la petite maison dans la prairie exception faite des moments où il racontait sa fameuse devinette et sympathisait avec Georges Walker [texas ranger] ruinant ainsi le peu qu’a fait Jacques (as-tu des nouvelles de lui ? j’ai surfé une fois avec lui à Biarritz cet été mais depuis plus rien, parait-il qu’il n’a trop pas le moral). Quand je pense à Alain, le seul compétent qu’il ait engagé et qu’il n’a su le conserver. Quel incapable !

Je t’ai lu pendant mes congés dans Marianne, sur une couverture où ton nom se dessinait aux cotés du parasite histrionique. Je suis sûr que, comme moi, l’ironie de la situation t’a arraché un sourire. Même si je n’attend pas un nouveau livre pour tout de suite (très beau titre d’ailleurs, me fait penser à notre Isidore Ducasse préféré) j’espère que cette collaboration se répétera. D’ailleurs, si tu y retournes, Jean-François Kahn a un Cd d’Arvö Pärt à moi et me doit 53 francs 50 (le parcmètre), Nicolas Domenach a mon exemplaire de la Vita Nova et Joseph Macé-Scaron ma collection de pin’s parlants d’Ophélie Winter (ceux sortis en 97, l’édition limitée).

De mon coté, je poursuis mes études médicales. Je suis externe maintenant, à temps plein. Difficile de trouver du temps entre l’hôpital et les apprentissages, d’ailleurs où apprendre ? Les cours facultaires ? Les référentiels nationaux ? Les livres ? Bref, il va me falloir un certain temps avant de trouver le modus operandi adéquat pour l’apprentissage. Mais mes contrariétés sont bien mineures comparées aux tiennes et sache, mon ami, que tu as tout mon soutien pour t’aider à traverser cette laborieuse et ténébreuse période.

Notre « relation » est difficile à vivre, évidemment la différence d’âge y est pour quelque chose et évidemment que nous aurons à supporter encore et toujours les regards inquisiteurs des badauds ne comprenant pas que deux cow-boys aimables et bien élevés puissent porter des pantalons en cuir et dormir ensemble dans le même lit. C’était déjà le cas à l’époque où il n’y avait rien de sexuel entre nous, alors maintenant … Même si je n’apprécie pas de me faire traiter d’homosexuel et encore moins de pédéraste à tire-larigot, je ne veux plus me cacher. De toutes façons c'est impossible, je ne pourrai pas, mes ressentis sont trop forts.

Je me souviens, un samedi de printemps nous étions allés à un concert dans une petite église de Montargis (45). Là, tu m’as glissé à l’oreille « L’œuvre de Bach est bien la preuve de l’existence de Dieu », nous avons alors esquissé un rictus étouffé dans ce silence religieux, nous les deux seuls athées au milieu de ces culs bénis et pourtant les deux seuls à apprécier la mise en musique du récit de saint Matthieu par Bach. Jésus annonce alors à ses disciples qu’il sera livré aux romains par Iscariot et crucifié pour Paques, aussi, après il annonce la résurrection du fils de l’Homme et parle de la nouvelle vie qui s’en suivra. Peu de temps après, je t’avais fait écouter la version utilisée comme thème de fin au film THX 1138, celle où l’ouverture de la passion selon saint Matthieu de Bach se mêle aux arrangements de Lalo Schiffrin quand Robert Duvall s’échappe de ce monde totalitaire et oppressant vers une vie nouvelle. Si j’évoque ceci c’est pour que tu ne perdes pas espoir, que tu t’accroches à cette promesse d’une Vita Nova.


J’aimerai aussi que tu te rappelles d’Hélène Grimaud jouant un allegretto de Beethov' à la MJC de Melun-Sénart (77) le jour de l'anniversaire de notre rencontre, un 32 Décembre …

… ou encore de ce morceau de Boccherini écouté à l’espace culturel Didier Gustin de Villejuif (94), nous sortions du cinéma où le film American Ninja 2 - le ninja blanc nous avait, à tous les deux, fait ressortir notre sentimentalité.


Tous ces souvenirs pour que tu ne perdes pas confiance, que tu crois en l’avenir. Des souvenirs devant.



Je t’aime.

Edouard Moria.


PS : j’ai deux places pour les Beastie Boys à la salle des fêtes de la Mothe-Achard (85), envoie-moi un message à mon adresse iMail : kiadukkkkikoléoqq[at]hotmail[point]com si tu es intéressé.