28 avril 2008

Taisez-vous Elkabbach !


M’être fait qualifier d’intolérant cynique pour avoir dit que l’effet papillon était un film du dimanche soir sur TF1.

Je n’en peux plus d’une société qui impose des doubles contraintes à tour de bras. Soit on laisse passer et on récolte « quelle surtolérance affreuse, quel nihilisme, il faut lutter ! », soit on donne son avis, et là c’est « quel snobisme ! C’est facile de critiquer ! Y a des gens qui aiment, respectez-les ». Le courrier des lecteurs du masque et la plume.
Fermez votre gueule, sauf dans votre microcosme à la pensée et aux goûts uniques.
Bienvenue chez les ch’tis, Astérix et Amélie Poulain sont des films mauvais. Il faut que ça soit dit et tant pis si ce n'est pas d'une façon politiquement correcte.


Pitié, arrêtez avec mon voisin Rototo ou Princesse Monokini. La prochaine fois qu’on me passe ces films vomitifs, je me coupe les veines pour répandre mon sang drépanocytaire (oui, c’est ma nouvelle lubie) sur l’écran.

Sinon Thee silver mt. Zion c'était pas mal mais la setlist n'était pas à mon goût, hélas. En plus j'avais invité une superbe fille qui n'a pas voulu bouger son gros boule. Déjà, quand je lui avais proposé de voir Blonde Redhead il y a un an elle avait préféré rester chez moi à faire ma vaisselle et regarder Marc-Olivier Fogiel. Je n'avais pas prêté attention à ce signe, pourtant, pour le moins révélateur de sa mentalité.


« Monsieur Girard (Bruno Le Millin), mais, mais c’est terrible » Annette (Magalie Madison), premiers baisers, épisode 56
« Justine (Camille Raymond), mais, mais c’est trop affreux » Annette, premiers baisers, épisode 103
« Harry (François Rocquelin), mais, mais c’est vraiment horrible » Annette, premiers baisers, épisode 154

Comme les examens approchent je passe mon temps devant la télé. J’ai compris comment mettre un suppositoire dans le bon sens depuis que Michel Cymès a fait un dessin sur France 5.

Je regarde une quantité astronomique de TV réalité. Ça me fascine. J’ai dépassé le canal 22 d’AB1 pour aller sur MTV (canal 53 de votre freebox). J’ai délaissé les next made in France depuis que j’ai découvert la qualité des productions d’outre-atlantique. Pimp my ride présentée par l’excellent rappeur X-zibit est une émission qui consiste à thuner la volvo V40 que t’as hérité de grand-papy et qui a souffert de ton inexpérience quant à la conduite. Ce qu’on ne précise pas c’est ce que veut dire exactement « thuner ma caisse ». En vérité ça consiste à mettre de la peinture fluo sur ta carrosserie et mettre des écrans de télé partout où c’est possible pour pouvoir regarder des clips d’X-zibit en boucle. J’aime beaucoup Kiffe ma mère qui est assez pervers car généralement à mère moche = fille belle et vice-versa. Parental control est sans doute le plus horrible ce qui en fait une raison suffisante pour l’adorer.

On retrouve souvent les mêmes personnages. Comme un dénommé José (Philippe Vasseur) d’Hélène et les garçons. Le type toujours ultra-vénère pour un rien, impulsif souvent à la limite de la violence. On retrouve ces traits chez Anthony (Anthony Dupray) dans Premiers baisers ou encore Moundir (Moundir) dans Koh-Lanta II.
« Quoi ? moi j’suis là pour les 100 00, la tête de ma mère celui qu’a dit ça je le tue. Tu vois la bâche, j’la balance ! (bruit surajouté par la production d’éclair pour souligner la tension entre les protagonistes) »
Créons un groupe facebook pour la réhabilitation de Moundir.


Dans les livres qui préparent à l’internat, on peut noter qu’une non-réponse à un traitement peut (parfois) être due à une mauvaise compliance du patient. Compliance. J’ai appris ce mot en deuxième année à propos d’une vessie compliante ou encore d’un ventricule. Mais d’un patient non. Peut-on résumer un homme à sa vessie et à un ventricule ? Non, bien sur que non ! Il y aussi le kiki et la boite à caca, même parfois l’un dans l’autre.

A cause de ça on se tape des cours de psychologie médicale fait par des psychologues qui dès les premières minutes cherchent à nous faire culpabiliser de devenir médecins et nous mettent dans des situations cliniques avec des choix cornéliens : « vous ne pouvez accéder à la requête de votre patient, vous lui dites que vous compatissez mais que vous ne pouvez pas ou vous lui dites d’aller se faire mettre ? »


Le menton proéminent, l’arête du nez difforme, les pattes longues, le langage onomatopéique, il s’insurge contre la mondialisation et l’ultra capitalisme tout en prenant conscience de la vétusté du plastique entourant ses pieds. Il a opté pour le dernier modèle d’adidas. Il a décidé de gagner sa vie en exécutant les commandes de ses clients et monnayant ensuite le fruit de ses actions stéréotypées sur des machines modernes. La technologie au service du plus vieux métier du monde, la prostitution moderne. Politiquement à gauche parce qu’aujourd’hui il est malpoli chez les jeunes d’être d’une autre opinion. La docilité dans la rébellion comme en témoignent sa barbe savamment négligée (mal rasé mais pas trop, affinée chaque jour) ainsi que l’effet saut du lit de ses cheveux parfaitement maîtrisé.
La liste est longue.
Sachez juste que j’ai croisé, 16 rue du dôme, l’homme métro-néandertalien.



L’envie d’être spirituel alors je cite Pierre Soulages.

« J’aime l’autorité du noir. C’est une couleur qui ne transige pas. Une couleur violente mais qui incite pourtant à l’intériorisation. A la fois couleur et non-couleur. Quand la lumière s’y reflète, il la transforme, la transmute. Il ouvre un champ mental qui lui est propre. »

« L’œuvre vit du regard qu’on lui porte. Elle ne se limite ni à ce qu’elle est ni à celui qui l’a produite, elle est faite aussi de celui qui la regarde. Ma peinture est un espace de questionnement et de méditation où les sens qu’on lui prête peuvent venir se faire et se défaire. »

« Il faut regarder le tableau en appréciant la lumière reflétée par la surface noire. C'est essentiel. Si l'on ne voit que du noir, c'est qu'on ne regarde pas la toile. Si, en revanche, on est plus attentif, on aperçoit la lumière réfléchie par la toile. L'espace de cette dernière n'est pas sur le mur, il est devant le mur, et nous qui regardons, nous sommes dans cet espace-là. C'est une relation à l'espace différente de celle que nous avons dans la peinture traditionnelle. Ce phénomène ne peut pas être photographié. La photo transforme cette lumière en une peinture banale où les valeurs sont fixes et produites par des gris différents. »

C’est ce que j’aime chez Pierre. C’est en même temps ce Beau d’émotion primaire, viscéral, presque universel en quelques sortes, et cette relation si particulière qui naît de l’interactivité entre le sujet et l’objet. C’est celle-ci qui est vivante, en perpétuelle mutation car contextuelle et personnelle. C’est ce que j’aime retrouver dans le cinéma de Gus Van Sant, également. Ces artistes qui sont comme ce dont Dieu (ou le père) est le nom chez les scientifiques. Un mouvement originel, une étincelle qui donne la matière puis qui laisse l’œuvre indépendante, ayant sa propre vie.

C’est la différence avec les tyrans. Eux cherchent à contrôler les paramètres d’une situation dont ils ne sont pas les géniteurs. A soumettre l’individu à une pression sociale, à une contrainte du collectif auquel l’unique ne peut se soustraire. D’ailleurs les dictateurs qui restent élégants dans les livres d’histoire sont ceux qui ont su s’adapter au hasard et non à le façonner.

Voilà pourquoi Sarkozy chutera. Enfin, si une droite libérale non conservatrice arrive à faire entendre sa voix, si la gauche arrive à pondre autre chose qu’une miss chabichou ou qu’un Lang dansant la techtonique avec le roi du Maroc, si le centre arrive à se définir dans le temps … bon, merde, encore 9 ans.


Les examens c’est demain et je dois dire que c’est quand même géant d’avoir une épreuve de trois heures de LCA sans avoir eu de cours dessus au cours de l’année. C’est tellement drôle qu’on dirait du Gad Elmaleh.

Musique : Gregory Lemarshall, it’s better to burn out than to fade away.

05 avril 2008

Post-[évènement inconnu]


Et puis un jour il faut accepter la réalité, ne plus chercher à se réfugier dans une réalité dépassée, délavée, ne plus chercher à s’accrocher. Regarder l’évidence en face. On se rend compte que les souvenirs sont maintenant dénués d’affects, lisses, achromatiques, dépourvus d’émotions. Des mondes dans lesquels j’avais pris l’habitude d’y trouver du réconfort (au prix de nombreux sacrifices, soit) il ne reste que des images plates, belles mais insipides, attirantes mais en lesquelles il est impossible d’y rester.
Certes, je n’ai plus à sacrifier. Le prix du confort du souvenir était surtout lourd d’un point de vue du ressenti somatique. Il en fallait de l’énergie pour accepter ce revers de peau tapissé d’épines, ce péricarde clouté, ce cœur baignant dans l’acide, ces lames de rasoirs plantées dans chaque ventricule, abrasant la paroi musculaire un peu plus à chaque contraction.

Le passé est maintenant enclavé dans un cube de verre impénétrable et me voilà à détourner les yeux des souvenirs devenus d’une neutralité affective effarante, des corps démantelés totalement atones. Emoussement des affects, j’ai arrêté de chercher une prise quelconque sur ce temple trop lisse, trop régulier, trop connu, trop prévisible, trop tiède.

N’étant pas [encore] étiqueté bipolaire, je ne suis pas sous lithium mais c’est presque comme (si).
Ce n’est pas listé dans les effets collatéraux de Seropram. Les salauds ! je vais en faire part à la pharmacovigilance.

Malgré tout je n’ai pas perdu ce surplus d’énergie même s’il est toujours enkysté dans une membrane imperméable qui me circonscrit dans un espace réduit, étouffant. J’ai besoin de créer des conflits, de trouver des irrégularités dans le monde qui m’entoure pour m’accrocher, de provoquer, de défier, de batailler. Pour moi le combat peut être quelque chose de bénéfique, la compétition le meilleure moyen de créer cette atmosphère d’émulation saine, le meilleur moyen de tirer bénéfice de notre environnement.

Malgré tout la colère est toujours là. La haine aussi. Et le sentiment d’abandon, d’immense gâchis, l’ impression de mort prématuré, de lutte avortée, la déception face aux promesses non tenues et la rancœur, celle qui est née de ton désengagement, de ta fuite du combat, déserteur[e] face à la difficulté.

Malgré tout, chaque nuit, même celles accompagnées, je m’échine, me cyphose, n’offrant que mes vertèbres-carapaces aux regards indiscrets pour dormir dans les bras de ton fantôme. Et chaque matin la déception me tire de l’onirisme quand je réalise que ce n’est pas l’odeur de ta peau que je respire.
Une journée se définit par le laps de temps entre ces deux limites.