24 décembre 2008

S'envoyer en l'air ...

... avec une femme aussi belle. Le genre de cadeau rare que peut offrir la vie. Pour ma part ça m'est arrivé deux fois. Mais elle n'avait ni son âge, ni son érudition, ni son charme. Ces defects nous auront été préjudiciables à la tentative d'une troisième mission, d'un troisième vol.

10 décembre 2008

Les filles d'à côté

Dieu et les femmes qui m'ont fréquenté savent à quel point je n'ai pas de cœur, à quel point je suis insensible, à quel point à l'intérieur je suis un trou noir, un vide, un appel d'air capable d'absorber la souffrance des autres sans en subir la moindre modification interne ou externe...


... pourtant cet album me met, putain, au bord des larmes.





Mono & World's End Girlfriend - Palmless Prayer/Mass Murder Refrain



Ma préféré était Magalie, et vous ?

28 octobre 2008

Zinédine Zidane 1998, père des jumeaux de Rachida Dati 2008.


Au-delà des grivoiseries se cache quelque chose de nettement plus intéressant dans le domaine de la prévention des complications de la grossesse.

Correlation between oral sex and a low incidence of preeclampsia : a role for soluble HLA in seminal fluid?

The involvement of immune mechanisms in the aetiology of preeclampsia is often suggested. Normal pregnancy is thought to be associated with a state of tolerance to the foreign antigens of the fetus, whereas in preeclamptic women this immunological tolerance might be hampered. The present study shows that oral sex and swallowing sperm is correlated with a diminished occurrence of preeclampsia which fits in the existing idea that a paternal factor is involved in the occurrence of preeclampsia. Because pregnancy has many similarities with transplantation, we hypothesize that induction of allogeneic tolerance to the paternal HLA molecules of the fetus may be crucial. Recent data suggest that exposure, and especially oral exposure to soluble HLA (sHLA) or HLA derived peptides can lead to transplantation tolerance. Similarly, sHLA antigens, that are present in the seminal plasma, might cause tolerance in the mother to paternal antigens. In order to test whether this indeed may be the case, we investigated whether sHLA antigens are present in seminal plasma. Using a specific ELISA we detected sHLA class I molecules in seminal plasma. The level varied between individuals and was related to the level in plasma. Further studies showed that these sHLA class I molecules included classical HLA class I alleles, such as sHLA-A2, -B7, -B51, -B35 and sHLA-A9. Preliminary data show lower levels of sHLA in seminal plasma in the preeclampsia group, although not significantly different from the control group. An extension of the present study is necessary to verify this hypothesis.

KOELMAN C. A. ; COUMANS A. B. C. ; NIJMAN H. W. ; DOXIADIS I. I. N. ; DEKKER G. A. ; CLAAS F. H. J.
Annual Meeting of Japan Society for Immunology of Reproduction (JSIR) No14, Tokyo , JAPON
2008, vol. 46, no 2, pp. S1-S49 (1 p.3/4), pp. 155-166


Pour les non-anglicistes et les nuls : il est question de la relation entre l'ingestion de protéines solubles du sperme et l'incidence de la préeclampsie, une complication de la grossesse qui aboutit à une hypertension artérielle ainsi qu'une atteinte d'organe (notamment le rein).

En résumé je citerai mon interne : "celles qui sucent et avalent développent moins de prééclampsies".

Voilà une nouvelle qui, à coups sûrs, changera la prise en charge ainsi que la prévention des grossesses à risques.

Suite à cette découverte, une foule de questions me vinrent à l'esprit. Quel fût le cheminement intellectuel de l'investigateur de l'étude ? Comment obtenir une source de financements pour mener à bien sa quête (a-t-il sucé pour réussir) ? Les conditions de réalisations étaient-elles indemnes de biais ? Randomisé ? En double aveugle ? Conditions de recueil ? Certaines femmes avalaient-elles le sperme de leur mari, de leur conjoint ou encore du père de leur enfant, face à d'autres qui avalaient alors celui d'un autre membre de leur famille, d'un inconnu ou un placebo (aka
fakesperm) ?

Ensuite se soulève la question de l'éthique. Comme lorsque l'on veut comparer l'efficacité de deux chimiothérapies, peut-on laisser à un groupe de femmes une plus forte probabilité de développer une complication aux conséquences potentiellement tragiques alors que l'ingestion de quelques gouttes de bon sperme leur serait salvatrice ?


Quand l'inspecteur Derrick ...

09 octobre 2008

Microfictif

Mon acné rétentionnelle contre son strabisme convergent. Notre couple se devait d’être construit sur une égalité quasi parfaite, du moins sur les aspects visibles. De prime abord aucun d’entre nous ne pouvait prendre un ascendant sur l’autre, c’était une règle d’or et j’y tenais autant qu’à ma collection de carte Magic. La formalité de l’égalité physique réglée la machine était lancée.
Bonjour je m’appelle Jean-Donatien Guebwiller, trente-quatre ans, marié, deux enfants et je porte à gauche.
_ Mais appelez-moi Jean-Do.
Je suis graphiste, ce qui consiste à donner une identité graphique à des objets qui n’en ont pas. Moyennant finances bien entendu. En réalité l’identité graphique est une vaste foutaise, convenons-en, mon métier consiste par un jeu de couleurs et de logos à faire croire au peuple consommateur que boire de l’eau est autrement plus épanouissant que de boire du vin ou même un soda. Etant affilié au domaine de la publicité, l ‘important est de faire croire, de faire naître l’envie par une vision non contractuelle. Si la publicité est la relève du plus vieux métier du monde, mon rôle dans ce système est l’équivalent d’un habilleur pour prostituée.
Ma femme et moi jouissons d’une place très honorable parmi notre cercle d’amis, nous suscitons une sorte d’admiration chez eux. Même si au départ cela était non volontaire, nous y avons pris goût et avons creusé le sillon. Nous organisions des dîners pour leur montrer ô combien nous avions meilleur goût qu’eux pour la décoration d’intérieur, ils nous enviaient depuis leurs logements exigus que leurs salaires de caissière chez Cora ou d’intérimaires leurs permettaient tout juste de payer. Bon samaritains, nous les accueillons toujours avec le sourire et toujours prêts à les écouter puis à nous épancher sur notre vie sexuelle, les boîtes à partouze pour qu’ils sachent à quel point nous sommes libérés des restrictions de la morale judéo-chrétienne. Cependant une autre règle d’or que nous nous étions imposés était de ne pas pratiquer avec eux.
_ Don’t fuck with friends.
Quand bien même ils nous avaient déjà vu nus, par le biais de photographies artistiques, nous nous devions de rester pour eux, du domaine du fantasme donc inaccessibles. Je n’ai jamais été infidèle. Ma femme, oui, une fois. Un pianiste officiant alors pour une gagnante de télé crochet, cela semblait l’occasion rêvée pour elle de lancer sa petite carrière dans la chanson sucrée. Hélas pour elle cela n’a rien donné. J’étais déçu par l’adultère mais je crois qu’elle, était plus déçue que moi. Du fait que son plan n’ait pas abouti. Elle en a pleuré pendant trois semaines.
_ Ce n’est pas à vingt-six ans qu’on peut trouver du travail !
Je me sentais coupable de lui avoir, alors un temps, reproché ce petit écart. Une femme inactive rappelant trop le modèle patriarcale fascisant, je lui ai fait un puis deux enfants afin de légitimer sa présence à la maison. Elle en oublierait par la même occasion l’inaboutissement de ses études artistiques.
Pour ne pas fâcher nos parents respectifs empreints de valeurs, nous nous sommes mariés dans la foulée. Puis Alphonse et Léontine virent le jour. Ces prénoms étant alors totalement hors d’usage lors de leur naissance, ils feraient à coups sûrs fureur dans la cour d’école. Nous ne voulions pas qu’ils partent d’un mauvais pied dans la lutte sociale qui les attendait. Secrètement nous espérions qu’ils forment un couple aussi harmonieux que le notre, qu’ils soient un modèle miniature de notre binôme.
Peu de temps après la naissance de Léontine, les médecins ont découvert que ma femme était atteinte de tumeurs multiples.
_ De tout ce qui fait d’elle une femme.
Avait alors dit le gynécologue. S’en était suivi une hystérectomie avec ablation annexielle ainsi qu’une ablation des deux seins. Nous nous sommes gardés de le dire à nos amis et habillée, ça ne se voyait pas ou si peu, les seins étaient remontés ce qui d’extérieur était un plus. Son vagin était devenu plus douloureux, nous pratiquions alors l’amour anal bien plus souvent qu’à l’accoutumée - à savoir le samedi soir et pendant les périodes de menstruations. Dans les clubs libertins que nous fréquentions, il y avait toujours un mec un peu vicieux, taré pour la besogner et même être attiré par ses seins alors que la reconstruction n’avait franchement pas la même couleur de peau et que le tatouage mamelonnaire laissait vraiment à désirer. Si la différence peut exciter, elle ne doit en aucun cas être accompagnée d’invalidité, c’est pourquoi sur le parking du club je badigeonnai son vagin de xylocaïne afin qu’elle ne soit pas incommodée par des rapports dits traditionnels.
Il y aussi eu une ostéoporose précoce, je guettais alors à chaque coin de couloirs ses pas hésitants, supportant son dos qui se courbait de plus en plus, pour prévenir la chute et la fracture du col du fémur suspendue comme une épée de Damoclès au dessus de notre perron. J’avais préprogrammé le GPS pour qu’il m’indique le chemin des urgences au, cas où. Cette attitude paternelle me valait les faveurs de sa famille, ils étaient alors enclins à ce qu’on ne viennent plus qu’un dimanche tous les deux mois et nous pardonnait le retard dans le baptême de nos enfants qui avait eu lieu pendant les grandes vacances, pour que l’on ait peu de chances d’être vu par nos amis franchement anticléricaux.
Politiquement je me suis toujours senti concerné par le sort de mon prochain, c’est pourquoi j’ai toujours voté à gauche – comme mes parents. Je n’ai jamais adhéré au parti dominant car il était trop souvent envahi d’une idéologie nazie de droite et je ne pouvais alors cautionner cela, bien qu’au final mon vote leur revenait toujours. J’ai songé à la gauche extrême mais avec l’argent que je gagnais et une femme inactive je n’aurai pas été bien vu.
L’année dernière j’ai voulu emmener Alphonse à la manifestation pour protester contre le second tour de la présidentielle Jean-François Copé contre Marine Le Pen. Pour le sensibiliser à l’engagement politique dès le CE1 et pour également montrer mon désaccord. Surtout qu’en week-end en Normandie à ce moment-là je n’avais moi-même pas pu voter. Ayant pris mon jour de congé je suis aller voir son instituteur pour lui expliquer la situation. Son regard d’ahuri m’a paru comme un refus, de toutes façons il n’a pas son mot à dire. Quittant l’école j’en ai profité pour écrire « nazi » sur sa voiture avec les clés de la mienne. L’enfoiré devait voter à droite, c’était maintenant une certitude.
Ma femme et moi occupions nos jeudi soirs à aller vers notre prochain. Nous servions la soupe populaire dans un centre où la misère humaine manquait souvent de peu de nous mettre la larme à l’œil. Entre les haleines alcoolisés et les visages crouteux, nous étions heureux de pouvoir venir en aide à ces pauvres gens, de leur apporter un peu de réconfort. Nous avions acheté doudounes et bonnets Quechua que nous mettions uniquement les jeudi soirs, ce qui nous protégeait du froid, des contacts trop rapprochés avec les miséreux et dissimulait nos vêtements plus onéreux qui auraient pu prêter à confusion sur la réelle valeur de notre engagement. Nous faisions une lessive spéciale vêtements de surface à notre retour puis nous les rangions soigneusement en attendant sagement la semaine suivante pour les ressortir.
Un soir un pauvre homme délaissé par la société moderne a pisté la Fiat Punto dont nous nous servions uniquement à cette occasion jusqu’à chez nous, à peine sortis il est venu à nous nous suppliant de l ‘héberger pour la nuit. Ma femme a pris peur, je lui en ai collé une par surprise et j’ai profité qu’il soit à terre pour démarrer en trombe. Ma femme ne voulait pas passer la nuit à la maison de peur qu’il revienne dans la nuit.
_ J’ai du payer une nuit à l’hôtel pour nous deux !
Le lendemain nous avons déposé plainte et depuis cet incident, nous n’allons plus à la soupe populaire. Fort malheureusement.


Merci à celui qu'on appelait Pénis Gaufrette, musique référence et un cinq centième de texte.

24 septembre 2008

La mia vita violenta


Ça sent l’Amérique.

Rouler fenêtres ouvertes, le vent, la nuit, autoradio volume : max – 2.
Calexico, Fugazi, Sonic Youth, Little Rabbits.
Périphérique désert, zone commerciale, néons aguicheurs des concessionnaires automobiles, temples de la consommation désertées mais illuminés à fleur de route, véritables sapins de noël posés sur mer d’huile solide. Feu rouge, passe-moi une cigarette honey, avec l’argent gagné aux chevaux elle s’est acheté une robe à paillettes, aussi vulgaire que son visage.

Des microfictions à la macroréalité. Sortie de ville, accélération, doigt d’honneur aux limitations, anyway j’ai l’airbag. Le volume sonore toujours plus fort et la moustache toujours plus longue, une histoire d’amour avec les reines de l’âge de pierre version french middle class : Davidoff, Seresta, Vicodine, Seroplex, Trivial Pursuit, Graffenwalder strong, oh.
Blind-test, parties de palet, de jambes en l’air et rires. Plus de bières que de mal.

Nuit au bord du lac, je te dis que l’étoile du nord c’est celle-là, réveil surréaliste, un cavalier échappé d’une reconstitution médiévale « bonsoir » « pédé » puis une femme du dernier Reich en date lançant des cris sur l‘eau, Belle, la chienne est désobéissante certains jours, paraît-il, femme sympathique malgré les apparences.

Avaler la route encore, l’asphalte comme oxygène, le bras à travers la vitre, yeah, variations dans la cinétique du temps. Cholet – Trementines, Trementines – Nantes, Nantes – Saint-Nazaire, concert de Sonic Youth depuis la passerelle du Queen Mary II. « C’était pas Jim O’Rourke à qui je viens de serrer la main ? ». Alpha Blondy ? je dis lol, permis de revendre nos entrées à des mecs qui n’ont aucun goût.

Puis concert & concert. Je rencontre un bel italien, chanteur d’opéra, portant la calvitie comme Jean-Marc Barr, on parle Pasolini, Fellini, Buzzati, Baricco, … l’homme de ma vie, sur le coup j’ai un peu honte des autres personnes avec qui je passe la soirée, le genre à roter puis à dire gofiot, ou pire, faire du world of warcraft … Il me propose de revenir faire des lasagnes dans mon four, je me rappelle que je ne suis pas homosexuel, à ce jour j’attends toujours qu’il m’enfourne sa garniture.

Retour sur les terres maudites, je dégomme un chat sur la route, réveil de Clarisse en sursaut elle veut voir, ça ne lui suffisait pas d’avoir failli provoquer un accident l’enfoiré miaule d’une complainte si déchirante que je n’en entends presque plus l’autoradio, pire que la fois où j’ai roulé sur un gothique. Dans ma grande mansuétude j’abrège ses souffrances avec le Smith & Weston qui attendait dans le coffre de pouvoir servir un jour.

Je manque de me noyer en m’endormant dans mon bain, je repense à Anna Mouglalis qui me fait la gueule parce que j’ai oublié de répondre à son sms.
« do you wanna see ? i don’t know i spend my all time in the water »

Intégrale de twin peaks, ma moustache me sied à ravir, les gens me regardent différemment, à Carrefour les jeunes filles (en fleurs) me montrent du doigt depuis leurs cinq années, m’en fous, parce qu’Antonio Lobo Antunes. « Vous avez la carte de fidélité ? » « Hélas non ».

Deux potes font du camping, nuit dans la tente, réveil brutal de l’un, agité dans tous les sens, la tente qui manque de s’envoler. Demande à son voisin :
« Putain mais qu’est-ce que tu fous ?
_ Bein je m’branle …
_ T’es sympa mais la prochaine fois tu prends la tienne ! »

4h00, l'éternel retour, la faim, passage au drive-in, dieu bénisse l’Amérique, retour à la maison, les nouvelles filles d’à coté, sens du timing et manger ses frites en regardant Karen Cheryl. Phase de sommeil dans canapé, réveils récurrents par femmes obséquieuse aux propositions réprouvées par morale judéo-chrétienne moyennant finance via sms surtaxé.

Rentrée à Nantes : nouveau stage, le rêve de l’externe : Dossiers informatiques, ordinateurs de travail, courriers, comptes-rendus numérisés, bilan biologiques faits la veille pour le jour même, imagerie classées, annotées, labellisées, consultables sur logiciel simple d’utilisation, pas de tâches de secrétaire médicale à faire, planning de la semaine tenu à jour, café et friandises deux fois moins chers que dans le reste de l’hôpital. Dommage qu’on s’y fasse autant chier ! (et qu’il y ait si peu à apprendre)




Et j’ai accueilli mes 23 ans comme une veille tante à qui l’on offre le thé avant de la foutre à la porte, laissant apparaître le Luger hérité du grand-père germain comme preuve du sérieux de la situation.


09 septembre 2008

Souvenirs souvenirs ...


Le souvenir dormait. Ma mémoire est un bordel.
Comme ma grand-mère j’ai un syndrome de Diogène, je suis syllogomane de la mémoire, j’entasse j’entasse sans jamais ranger. On ne sait jamais, ça pourrait servir, la mémoire du passé quand l’histoire se répète.


Juillet 1991, je crois. Presque six ans.
Comme à l’habitude mes demi-sœurs sont en vacances à la maison, elle est pleine ce qui contraste avec les périodes scolaires où il n’y a que ma mère et moi, et mon père entre vingt heure et huit heure le lendemain matin. Curieusement je n’ai de souvenirs de la vie à la maison que pendant ces périodes de vacances.
Milieu d’après-midi, je sors de la cuisine avec mon goûter, sur la terrasse, à l’ombre du soleil ma sœur de vingt ans rase la tête de mon père. Je pose la question « je me fais une nouvelle coupe ». Je suis tenu au secret. Bien sûr il y a les hospitalisations, les visites dans cet immense hôpital où l’on doit faire une heure de route pour y aller, les moments de fatigue, les séjours en chambre stérile mais en vérité je ne sais rien, je ne fais pas le lien. Il en est à sa énième chimiothérapie, sa leucémie l’emportera dans douze mois. En vacances à l’île de Ré. J’ai toujours aimé être avec des personnes plus âgées, mes sœurs, mon frère, l’impression que grâce à ça je pourrai rattraper les moments que je n’ai pas pu partager faute de temps, faute de jeunesse.


Aout 2008. Presque vingt-trois ans, le même soleil, la même chaleur.
Je travaille maintenant dans l’immense hôpital, sauf ce jour. C’est l’anniversaire de ma mère, un peu pris au dépourvu je n’ai rien d’autre à lui offrir qu’un bouquet de fleurs acheté sur la route. Dans la maison désormais vide je la trouve à dormir dans son lit. Lorsqu’elle me demande si j’ai mon rasoir électrique avec moi le souvenir se réveille. Aujourd’hui je sais tout, dans trois jours elle aura sa troisième cure de chimiothérapie, je suis de toutes les hospitalisations, de tous les examens complémentaires, aucun symptôme ne m’échappe, je n’ai plus l’excuse de l’âge. Je ne sais pas vraiment comment raser une tête, et encore moins celle de ma mère. « n’essaye même pas de ma faire un dessin sur le crâne » Je passe par bandes du front jusqu’à la nuque, au final le résultat voulu est au rendez-vous. On se redresse tous les deux, je lui enlève la serviette que je lui avais mise sur les épaules comme chez le coiffeur, elle se frotte la tête comme un enfant qui a mis la tête dans le sable. Le regard absent, je la prends dans mes bras, je suis fasciné par le fait que l’on continue à vivre alors que les temps bénis sont bel et bien derrière nous, je trouve qu’il n’y a rien de plus beau que quelqu’un qui reste debout sans raison, à résister pour aucune cause, aucune justification si ce n’est celle d’exister.

Je ramasse les mèches éparses de la terrasse jusqu’au jardin. Certaines avec le vent me tombent des mains où glissent entre mes doigts. Dans le creux de la paume, je l’ai. Plus que les gênes, plus que l’éducation, plus que le goût de la médecine, de par ces mèches de cheveux que je viens de couper j’ai mon patrimoine entre les mains.
Et je me sens fils plus que jamais.





19 août 2008

Aimez-vous Diam's ?


Un test sur cette jeune femme bien sympathique en treize questions par Françoise Sagan.

1) Dans quel quartier chaud Diam’s a-t-elle passé son enfance ?
a. Dans le Bronx
b. A Sarcelles
c. A Garges-les-Gonesse
d. A Brunoy dans l’Essonne

2) Le vrai prénom de Diam’s est :
a. Laurent
b. Gérard
c. Fabrice
d. Diam’s

3) Sa marque de survêtement préférée est :
a. Tacchini
b. Panzeri
c. Le coq sportif
d. Jean Leduc Sport

4) Avec lequel de ces artistes a-t-elle fait un featuring ?
a. Pigloo
b. Crazy Frog
c. Eiffel 65
d. Aucun, tous ayant eu des propositions mais déclinées.

5) Le véritable poids de Diam’s est :
a. 80,63 Kg
b. 81,62 Kg
c. 83,98 Kg
d. 48,60 Kg

6) Son livre de chevet :
a.
Tractatus theologicopoliticus de Spinoza
b.
La répétition, un essai de psychologie expérimentale de Kierkegaard
c.
De la quadruple racine du principe de raison suffisante de Schopenhauer
d.
Hell de Lolita Pille

7) Diam’s commence ses concerts par cette touchante introduction.
Complétez les paroles.
«
OK. Imagine le monde et ses milliards d’habitants. Tu vois ? OK. Zoom un peu, et regarde tous les continents. Tous. Maintenant, imagine Chypre, et traverse la méditerranée. T'arrives en France. Tu la vois la France ? Bein dans la France imagine tous les départements. Tous. Tous les départements. Mais t'en prends qu'un, le 91. L’Essonne. Dans l'Essonne, imagine ... Une p'tite zone pavillonnaire, Juste à côté des Iris. Dans cette zone pavillonnaire, Imagine un p'tit Pave' tranquille Dans ce p’tit paf zoom encore Et tu vois ya une p’tite chambre Une p’tite chambre d'adolescente tranquille Dans cette petite chambre Au début des années 90 Imagine juste une p’tite meuf Qui attendait plus rien dla vie Mais qui écoute …

a. ... Enter the Wu-tang (36 chambers) du Wu-tang Clan
b. ...
It was written de Nas
c. ...
Hardcore d’Ideal J
d. ...
Pour le plaisir d’Herbert Léonard

8) Une seule de ces assertions
n’est pas de Diam’s , laquelle ?
(une seule réponse possible)
a. « La sodomie, moi ? plutôt me faire enculer oui ! »
b. « Je vous ai compris »
c. « Rien que tu ris, rien que tu teases, rien qu' tu te prends pour Alicia Keys
»
d. « Qui vient sur la Grande Muraille conquiert la Bravitude »

9) Vous avez peut-être voté pour ce(tte) candidat(e) à l’élection présidentielle avec lequel/laquelle diam’s a dansé sur un plateau de TV…
a. Charles de Gaulle
b. Ségolène Royal
c. Frédéric Nihous
d. Mahmoud Ahmadinejad

10) De quelle affection souffre Diam’s ?
a) un syndrome d’Ehlers-Danlos
b) un syndrome de Marfan
c) une myotonie de Steinert
d) un syndrome de Gilles de la Tourette

11) Dans sa chanson « jeune demoiselle », de quel malaise (profond) parle-t-elle ?
a. De l’imperfection humaine et plus particulièrement masculine.
b. De la difficulté de choisir son âme sœur à la carte.
c. De l’américanisation de nos sociétés modernes qui fait de l’homme un bien consommable pour lequel on est en droit d’exiger le meilleur, à la convenance de nos désirs les plus bas.
d. D’être moche.

12) Qu’est-ce que la chanson « ma France à moi » ?
a. Un plaidoyer pour la tolérance.
b. Un regard critique sur la société occidentale tenancière de 5000 ans de culture judéo-chrétienne.
c. Une réflexion sur les inégalités sociales entre les peuples selon le gradient géographique nord-sud.
d. Une immondice musicale pleine de contradictions, réclamant une tolérance à sens unique avec un rejet voir un déni de l’autre différent qui est tourné en dérision « France profonde, gatte-couille, Laurent Gerra, … » à l'aide de clichés éculés clichés éculés (alcool et police, église et inceste, …) pour s’imposer elle-même comme standard « mais nos valeurs vaincront ».

13) La vraie place de Diam’s est :
(réponses c et d)
a. sur scène
b. sur l’île de la tentation
c. loin des yeux, loin du cœur
d. au goulag


Nantes c'est bien, aussi pour ça. Parfois je pars de chez moi pour faire des nuits, les Little Rabbits ou les French Cowboy dans les oreilles, je passe devant la terrasse du Chien Stupide (déjà un bar qui fait référence à John Fante c'est cool) et là, je vois Federico Pellegrini une mousse et un livre à la main.








02 juillet 2008

Pool : les actes & la parole


Vidéo hallucinante de ségolène royal que je ne découvre que maintenant :



Ségolène Royal (un temps joliment tagguée "ségolène
anal" à l'internat de l'Hôtel-Dieu) est de droite, c'est maintenant clair pour les personnes qui en doutaient encore. Bien sûr, la question légitime est "quid de la différence droite/gauche ?". Pour ma part je donne deux définitions, m'appuyant sur une dichotomie, théorie et pratique. La première est celle donnée par Pierre Bourdieu sur la vidéo qui va suivre (où il y énonce, en 1999 déjà, que madame anal est à droite), soit la différence se définit par le rapport à l'autorité qui est brillamment illustré (on se demande presque si elle ne fait pas exprès pour un cours de travaux pratiques) sur la première vidéo. La seconde, plus actuelle, repose sur l'acceptation du libéralisme comme mode dominant. Là encore cette définition éclate le PS en deux (?) car, bien évidemment, pour nombre d'hiérarques du parti socialiste, c'est déjà acquis.



Devant une absurdité telle du clivage voulu par ceux qui craignaient pour leur place et une telle confusion des genres, on aurait pu s'attendre à l'émergence d'une troisième force proposant, même pas quelque chose de nouveau, mais quelque chose d'au moins différent de cette mascarade. Pour ma part j'ai soutenu l'homme qui murmure à l'oreille des chevaux (faute d'avoir un autre auditoire) mais j'étais ouvert à tout. Georges Marchais président, je prenais, aussi.
Hélas,
les castratrices chauves firent allégeance à sarkozy à deux reprises (et Pierre nia par trois fois avant le chant du coq), perpétuant le système sclérosé bicéphale de papa.


De quoi Badiou est-il le nom ? Il y a quelques années déjà, il conseillait aux juifs d'Israël "d'oublier le génocide de la seconde guerre mondiale". Déjà que la pardon est difficile, un par l'atrocité, deux par l'absence physique de responsables alors l'oubli... difficilement envisageable. La suppression de souvenirs engrangeants des êtres névrosés (ce que je veux bien reconnaître, quand on traîne une telle mémoire et qu'une part de l'identité y puise racines) fut une technique utilisée par Freud pendant un temps avant qu'il ne critique lui-même sa technique sous les effets secondaires ressentis par ses patientes (
études sur l'hystérie).
En tant qu'ashkénaze, j'ai déjà un peu de mal avec le bonhomme. Un jour, quelqu'un m'a fait part de son admiration pour lui, la découverte récente de Badiou pour cette personne me donnait l'impression d'avoir à faire à Saint-Paul sur la route de Damas.
J'ai demandé pourquoi elle pensait qu'il était si brillant, la première (et unique, il me semble) réponse fut "c'est juste le philosophe français le plus traduit dans le monde". Ah, tout de suite. Il est vrai que la diffusion de masse internationale est forcément un gage de qualité, que l'on a jamais vu d'artistes, philosophes, savants, penseurs n'avoir une reconnaissance à leur hauteur en post-mortem, quand ce n'est pas une reconnaissance limitée à un cercle restreint.
A.B. est récemment l'auteur d'un petit livre, oui petit, on aurait pu se dire qu'un autre format de diffusion aurait été plus adapté mais chez Badiou (comme chez Michel Onfray) toute production se doit d'être diffusée en consommable griffé A.B. c'est dire. Ce livre traite de ce que l'on nomme Sarkozy, on y trouve cette phrase : "'Sarkozy' is the name of a rampant process by which, step by step, and with violence, entire sections of the population are relegated to a status deprived of rights, and are offered up to the police as internal enemies." (je ne l'ai trouvé qu'en anglais, désolé, mais dans le livre elle est en français) Bon, outre l'opportunisme flagrant de sortir un tel livre à l'époque à laquelle il est paru, je me pose une question (parce que je n'ai pas lu le livre, soyons honnêtes pour une fois) : le mot "rampant" est-il défini dans le livre ? où est-il placé ici, avec tout le champ lexical qu'il emmène avec lui, sans légitimité absolue, juste pour faire un peu de propagande subliminale ?
Badiou est connu dans le monde entier pour être un de ses intellectuels qui joignent réflexion et militantisme, les actes à la parole. C'est donc plutôt surprenant de le lire faire l'éloge d'Heidegger (membre du parti nazi) dans la préface du livre des correspondance de ce dernier avec sa femme. La trace d'Heidegger est présente dans la pensée de Badiou (de même, à moindre degré, celle du concept "
d'état d'exception" cher à Carl Schmitt, autre nazi de première) mais, quand même, il faut, dit-il, cloisonner le Heidegger penseur du Heidegger-nazi-vilain-pas-beau (pas de ça chez nous !).


Encore une fois : la télé n'est pas une cible. Elle sert ce qu'on lui demande. Plus de culture, plus d'intelligence à la télé ? l'expérience fut faite, elle est renouvelable. Mettez de la culture, pire ! de la bonne culture, en face d'un Christophe Dechavanne, d'un épisode de
sex & the city et d'un OM-PSG ; le résultat est sans appel. L'évolution doit se faire en amont soit à l'école, plus globalement dans l'éducation. Et même à l'université, qu'on arrête de baigner les gens des phrases, dans la grande partie des cas incompréhensibles, de Lacan. Il faudrait arrêter de considérer la psychanalyse comme un faire-valoir culturel. La question n'est pas d'avoir chasse gardée mais on se retrouve bien souvent avec des idées fondées sur des croyances ahurissantes, le pire étant l'utilisation qui en est faite.
"Si la psychanalyse est difficile d'accès aux médecins... elle est impossible pour le reste du monde" Jacques L.
Qu'on arrête de "
cultiver" (pour ton plus grand plaisir, lecteur, ce verbe est à voir dans ses deux sens) avec des notions qui ne peuvent être comprises par des gens qui n'ont jamais fréquenté le monde la pathologie mentale. Par exemple, une auto-proclammée Tête chercheuse (oui, la modestie ne l'étouffe pas) m'a dit qu'un prof de psychiatrie (dont on parlait dans un domaine qui n'a rien à voir) ne pourrait plus enseigner aujourd'hui. J'ai demandé pourquoi parce que je suis le genre de mec qui aime bien savoir pourquoi. La réponse fût "Ben, heu... quelqu'un qui dit que les névrosés sont des gens qui croient que leurs parents les aiment" Wow, c'est vrai qu'avec de tels propos on ne pourrait plus enseigner aujourd'hui. J'ai également supposé que l'enseignant d'alors n'a pas fait que sortir cette phrase choc, qu'il a expliqué tout le cheminement, toute la réflexion, toute l'etiopathogénie qui a mené à cette phrase, naïvement peut-être.




Musique :
Sea Lion de Sage Francis. Avec Will Oldham et Saul Williams. Rappelons, contrairement à ce que croit Maxime Pisano, le blogger à l'acné résistante (je m'excuse d'avance, c'était inutile) et au look vestimentaire de jeune UMP (par contre de telles fautes de goûts sont difficilement pardonnables), que Saul Williams est l'artiste de l'album The Inevitable Rise And Liberation Of Niggytardust. Ce n'est donc pas NIN comme il a pu me l'affirmer non sans un certain aplomb, juste avant de me dire "faut se renseigner un peu !".
Ah bonsoir !




25 juin 2008

Un été sous la croix gammée



"Putain qu'est ce qui fait chaud ici on se croirait à Auschwitz !"
Mon prof d'allemand de terminale, le premier jour de cours.

L'hiver je veux l'été. Surtout le début, il y a toujours une émulation lors des résultats de concours, puis le soulagement, l'évidement de toutes les tensions accumulées en une seconde, la satisfaction personnelle est un corrosif puissant pour siphons bouchés, le KT sus-pubien pour frustrations anticipées engorgeants une vessie dilatée.

L'été est cruel.
Généralement c'est au réveil se son premier matin. Il faudra bien trouver un mécanisme de défense et c'est bien légitime de dénier ses rêves quand ils nous échappent.
Le théâtre est un salaud.
"on écrit pour le théâtre".
Mais lui se réserve le privilège
"pas de baskets, tu rentres pas".
La haine satellite (attention, plusieurs jeux de mots sont possibles, sauras-tu les retrouver ?) d'un corps à la dérive céleste transformée en orbite hélio-ego-centrique.

Il fait plus de 20 degrés et c'est absolument insupportable. J'ai lu dans un livre de psychopathologie que c'était sans doute dû à un stade oral très puissant. J'y crois totalement, c'est plus marrant qu'une hyperthyroïdie (que j'envisageais un temps) et ça explique beaucoup de choses (morsures des lèvres, réflexe de succion et peut-être même, en poussant, mon dégoût lors de la vision d'organes génitaux féminins).

J'ai juste fini la lecture de Pulsion de mort de Lucien Israël que, sur les conseils de mon interne, j'enchaîne sur la lecture de Jean Bergeret qui explique que la pulsion de mort est un concept de has been complet et que c'est quand même moins nervous breakdown de parler de violence fondamentale, et qu'au moins ça ne se résume pas à une spéculation philosophique, ce à quoi j'agrée.

On en arrive, logiquement, en combinant l'environnement estival et la violence fondamentale, à Spirale le Nazi.
Pour des raisons (évidentes) de logistique interne, je ne peux tuer la (les) personne(s) que je souhaite, alors, je déplace, sur ce que l'été amène en masse, à savoir les insectes. J'en arrive à un nombre parfois assez conséquent d'insectes exterminés par jour. Bien sûr, les moustiques avec leurs becs crochus sont mes cibles favorites et, de surcroît, leur extermination ne peut-être que bénéfique pour le projet d'extension de mon espace vital. Je préfère les tuer en mode manuel, à la main quoi (on n'est jamais mieux servi que par soi-même) et c'est la moustache affûtée, le bras droit tendu en l'air, bien droit dans mes bottes que j'abats mon bras sentencieux tel un coup de tennis sur ceux qui auront eu le malheur de me tourner les ailes. C'est mon coup favori, me dissimuler dans le décor et attendre qu'un se mette à voler devant moi, je fends alors l'air avec une aérodynamique recherchée puis, par le mouvement induit par la rotation d'épaule, la pleine paume de ma main s'offre au cul de l'insecte, imposant une convexité à l'air, créant perturbations et alertant alors l'insecte du danger imminent... hélas trop tard. Le choc, même s'il est moins violent qu'un choc frontal de deux objets de trajectoires opposées, provoque, pour peu que l'on fasse de l'anthropomorphisme, une équivalence de commotion cérébrale laissant à l'insecte quelques instants de vol avant l'ultime chute. Cette discipline, d'autant plus pour le coup par derrière, requiert une célérité non négligeable et j'espère, un jour peut-être, atteindre le niveau de Jean-Pierre Bacri dans Kennedy & Moi (qui est aussi ce à quoi j'aspire être dans les vingt années à venir). J'ai également lancé un programme d'extermination de masse intensive. Devant l'afflux perpétuel d'hexapodes (putain, ce mot existe puisqu'il n'est pas souligné en rouge par mon correcteur d'orthographe, pourtant je l'ai tapé au hasard), j'ai eu l'idée d'utiliser le gaz dans ma chambre. Ils rentrent tous naïvement en croyant prendre une douche, mais lorsque je ferme la porte de ma chambre à gaz, je scelle leur destin. Le Baygon vert en substitution du Zyklon B (couche d'ozone oblige), en caleçon, debout sur mon lit, triomphant, j'emplis sans discontinuer l'air du gaz mortel et me délecte de l'agonie simultanée de masse des insectes volants.

Je prends beaucoup de plaisir en été.

09 juin 2008

This is hardcore


Finalement, ce n’est pas si terrible que ça.

Avant je trouvais n’importe quelle excuse. Je scrutais les infirmières pour voir si une irait à ma place, si mon/ma co-externe n’était pas plus apte, plus proche, je faisais pression avec les yeux à l’élève infirmière pour qu’elle bouge son cul, je faisais le mec indisponible, non pas maintenant, je mimais une lecture intensive d’ECG, un scanner à aller négocier, une interprétation brumeuse de radio pulmonaire, je partais dossier à la main dans une chambre comme à la récolte d’une information capitale oubliée… J’essayais d’esquiver le truc comme je pouvais, parce que, putain, qu’est ce que je déteste répondre au téléphone ! Les gens appellent, souvent même. Mais jamais personne n’appelle pour parler à l’externe pour savoir s’il fait beau au 2ème sud, si son stage se déroule bien, si c’est pas trop dur de travailler plus de 50 heures par semaine à devoir se prendre la misère humaine parfois en plein dans la gueule avec des cours à taffer à côté pour un salaire de misère tandis que certains se font en un mois trois fois le salaire journalier d’un gigolo, juste en restant le cul sur une chaise à faire des dessins sur un ordinateur, ou encore si le dernier tonus était sympa ou que sais-je encore. Non, les gens appellent pour savoir « Comment qu’y va mon mari ? » C’est qui votre mari ? « Est-ce que je pourrai parler à Nadine ? » C’est qui Nadine ? « Tu peux me parler de M. X ? » C’est pas mon patient. « C’est la pharmacie, c’est pour avoir des infos sur le traitement de M. Y » Je vais chercher l’interne. « Bonjour c’est pour un avis » Je vais chercher l’interne (bis). « C’est pour avoir des nouvelles de machin » Je vais chercher l’infirmière qui s’en occupe. (À partir de là tu essayes de te souvenir dans quel secteur elle est, puis tu entres dans toutes les chambres où le témoin de présence est allumé, pour finalement te diriger vers la salle cafés & croissants qui aurait naturellement dû être le premier endroit où regarder (humour)). On appelle l’externe pour parler à tout le monde sauf à l'externe.

Mais il y a pire. Comme se retrouver dans un service avec un téléphone qui sonne.Un téléphone qui continue de sonner et personne qui ne te regarde l’air de dire « bon l’externe tu bouges ton cul et tu vas répondre ». C’est la troisième fois que je rentre dans un hôpital.

Alors ce soir, j’étais content de ré enfiler ma blouse de trois kilos (nb : penser à vider les poches), de répondre au téléphone, même. C’était une belle soirée. J’arrive un peu en avance alors j’en fume une devant l’entrée de l’hôpital. Le dimanche à l'hôpital c’est le jour des familles. C’est plein de sourires, de retrouvailles, de sentiments forts. L’hôpital le dimanche c’est un peu comme la sortie en famille dans le parc, sauf que là c’est les enfants qui poussent les parents, la poussette devenant fauteuil roulant. Des observations de routine et un patient à l’histoire émouvante. Même les forces de l’ordre semblaient dépitées d’être là, en permanence à côté de son lit. On voit mal ce détenu de 84 ans s’enfuir en toute facilité. Dîner sur la terrasse de l’internat, paumé dans cette verdure ensoleillée, appréciant la température de l’air, le vent, le soleil à une heure si tardive, appréciant l’ouest en somme (dans l’est il doit faire 30° plombés et nuit à 19 heures en ce moment, les cons). On fait avec la présence de la mort, présente sous la forme des patients pour qui rien n’a pu être fait, presque, le maximum en vérité, mais c’est souvent trop tard. A ce moment là un tas de choses flotte dans l'air, l'expérience fait qu'on s'y accommode.

Dans la voiture, quelqu’un a sorti The Argument de Fugazi. Strangelight. Et le soleil qui se couche sur la Loire quand on passe sur le pont de Cheviré.

The sun’s a strange light / nothing grows right anymore / scars on every stalk / whose mouth should i use to talk ?

Le périphérique est désert et on en a un peu rien à foutre des limitations de vitesse. Juste l’air de liberté qui s’engouffre par les vitres et la voix de Ian McKaye. Arrivés, nous fumons tous sur l’épaule du voisin, les yeux dans le vague, le corps plein d’une fatigue saine, le vécu sans la lourdeur, prenant conscience que c’était peut-être comme ça qu’on devrait apprécier la vie. Profiter des moments où nous sommes du bon côté du couloir, s’en immerger, se préparer au moment où l’on ne devra plus répondre au téléphone, où l’on ne devra plus examiner de patients, où l’on ne devra plus soigner… Au moment où.

Ce morceau est un véritable hymne comme on n’en fait plus depuis les années 90. Va savoir. Fugazi n’a pas eu le malheur de passer sur MTV, au contraire de RATM et de Radiohead. Au contraire de ces derniers Fugazi n’a jamais signé sur une major, comme ça ils n’ont pas eu besoin de faire leurs intéressants en prétextant vouloir couler les grosses maisons de disques. Pas de tralala sur un album en prix libre disponible sur Internet emmerdant ainsi le gros patron de la maison de disques (avec lequel ils avaient signé un juteux contrat) mais aussi tous les professionnels du disque (comme le petit disquaire en bas de chez toi par exemple) et engrangeant des bénéfices personnels jusque là inégalés. Si Fugazi avait eu cette démarche, personne ne les aurait jugés comme des pionniers en la matière, peut-être parce que Billy Corgan a fait pareil huit ans auparavant en sortant Machina II des Smashing Pumpkins sur Internet gratuitement. Les choses sont simples parfois.

Quand Fugazi est en concert, ce n’est pas pour faire un Bercy à plus de 50 euros avec un merchandising hors de prix. C’est 10 $ maximum la place sinon ils refusent de jouer. Quand on a la stature d’un groupe comme Radiohead, qu’on crie à qui veut bien l’entendre qu’on nique Bush, la société de consommation et l’exploitation du tiers monde, qu’on ne me fasse pas croire qu’on ne peut pas faire pression pour revoir à la baisse le prix des places de concerts ainsi que les t-shirts fabriqués par des mômes payés 1 $ de l’heure. Qu’on y joigne une attitude cohérente, intègre, le but est noble, dommage de n’en faire qu’une façade d’altermondialiste bankable.

En parlant de groupe intègre. Vendredi soir Shellac était à l’Olympic (tu connais pas Shellac ? c’est un groupe ils étaient number one). C’était parfait, tout y était : la puissance du son, l’énergie, la cohésion avec le public, la prestance scénique. J’avais Steve Albini (le producteur d’In Utero de Nirvana, de Yanqui UXO de GY!BE, de My father my king de Mogwaï, de Sufer Rosa des Pixies, mais encore Electrelane, Shannon Wright, Elysian Fields, …) d’une simplicité déconcertante devant moi et le public qui reprenait derrière moi les paroles de Prayer to God. A la fin du concert les membres du groupe sont restés au bord de la scène pour discuter, vendre eux-mêmes les t-shirts, échanger avec le public… j’étais heureux parce que j’avais la preuve que les réussites et l’âge n’altéraient pas forcément l’intégrité du musicien et de l’homme.

De toutes façons il n'y a rien de plus horrible que les grandes pattes, les boucs et les chemises col mao.

Come on over
Get your shoes on
Put your feet on baby
Come on over

02 juin 2008

Amnios


Encore la dualité du sec et de l’humide.

Le flux des pulsions internes que le fasciste cherche à canaliser, à endiguer. D’une structure trop peu aboutie pour contenir la marée viscérale, il s’appuie sur les institutions pour ériger son corps sec d’un débordement incontrôlé, d’une extériorisation non désirée, matérialisant dans la deuxième réalité ce que la première ne peut accepter. On peut se demander si les nazis n’étaient pas des psychotiques. Ce besoin d’être circonscrit dans le carcan de l’école, de l’autorité étatique, de la culture (le racisme n'était pas biologique mais culturel, comment supporter qu'un autre peuple soit le peuple élu ?), jusque dans l’uniforme, cintré, serré, propre, sans liberté. J’ai été surpris, en m’entretenant avec des patients psychotiques, de la force avec laquelle ils désiraient rentrer dans les clous de la société, avoir une vie conventionnelle (femme, enfants, emploi stable, …), eux qui sont tant en marge. C’est un besoin palliant la faiblesse du noyau, il faut investir sûr, il faut investir sur du dur, intangible, constant et sécurisant.

Comme ce jeune garçon au regard perdu, exprimant par son discours comment il avait soustrait à sa mère son rôle de parent pour le projeter sur son père adoré, qu’il n’a pas connu (cause décès) donc imaginé, idéalisé et immuable. La mère du psychotique est assujettie à l’erreur humaine et aux variations légitimes ce qui n’est pas supportable pour lui, lui qui a tant de difficultés à s’adapter. C’est donc pourquoi il déplace ce qu’il devrait attendre de l’humain sur des « objets » (souvenirs, drogues, …) dont les réponses seront prévisibles et fixes.

A se demander si les gens qui aspirent à une vie hors des normes ne sont pas ceux qui ont en eux la plus ennuyeuse des banalités. Il y a de ceux qui s’auto-flattent du plus grand des n’importes quoi, le Ricard à la main, parlant politique chez beau-papa le dimanche à quinze heures. Le coude levé à la rébellion du comptoir.

Amniotique. La beauté, anévrismale, de la femme qui fait autorité sur ses pulsions humorales, qui retient dans ses formes ses collections liquidiennes sur le point d’exploser. L’excitation est à son comble tant on se rapproche du point de rupture, là où l’opulence prenant aux tripes tendra à se déverser sur le sol, en vagues. Tabula rasa à la javel féminine. Retour à.





19 mai 2008

Le sec et l'humide


« _Pourquoi devrait-on ouvrir les portes la nuit ?
_ Et bien, c’est à cause du danger. L’eau qui monte et on se noie dedans, ça monte ça monte, j’ai peur de couler. Quand ça arrive chez moi, je sors, cette nuit j’ai voulu sortir mais j’ai bien vu que les portes étaient fermées alors je voyais l’eau monter jusqu’au cou et les gens à côté qui dormaient et qui ne s’en rendaient pas compte. L’eau vient de là-bas (elle montre la Loire qu’on aperçoit par la fenêtre), y a un peu de sable pour ceux qui s’échappent mais c’est pas suffisant pour tout le monde, en journée ça va encore, l’eau nous arrive au nombril, là, mais si cette nuit ça recommence, mon dieu … ça ne s’arrêtera peut-être pas à temps pour que tout le monde s’échappe, vous mademoiselle et vous jeune homme vous pouvez nager mais moi j’suis trop vieille, vous êtes en forme mais moi j’ai les nerfs coincés… y a le nerf sciatique et l’autre grand nerf du corps (elle fait un arc de cercle sur son ventre à l’aide de son bras), celui-là est bloqué depuis qu’on me lance des cailloux dessus. Je ne sais pas qui c’est, peut-être, y a le curé de Carquefou qui noie des enfants, oui, trois à quatre cents bébés qu’il a noyé, oh, vous savez tout le monde là-bas le sait mais ils laissent tout passer, enfin lui, il prend les cailloux où les gens s’accrochent normalement quand l’eau monte pour qu’ils se noient et ensuite il les lance sur l’hôpital…c'est pas facile de dormir, si un caillou me tombe sur la tête … alors ça m’angoisse et je ne peux pas dormir. Ca traverse le toit alors vous imaginez bien je ne suis pas rassurée. Je ne sais pas, on a peut-être fait quelque chose de mal ou quelque chose qu’il nous reproche, il nous en veut mais pourquoi ? (rires) je ne sais pas, vraiment (sourire).
Et vous, vous savez si c’est le Diable ou le bon Dieu ? (lol)
_ Ca c’est une question bien difficile madame.
On se voit en entretien mardi ? »


Musique : Belle & Sebastian - Act of the apostle






non ?

28 avril 2008

Taisez-vous Elkabbach !


M’être fait qualifier d’intolérant cynique pour avoir dit que l’effet papillon était un film du dimanche soir sur TF1.

Je n’en peux plus d’une société qui impose des doubles contraintes à tour de bras. Soit on laisse passer et on récolte « quelle surtolérance affreuse, quel nihilisme, il faut lutter ! », soit on donne son avis, et là c’est « quel snobisme ! C’est facile de critiquer ! Y a des gens qui aiment, respectez-les ». Le courrier des lecteurs du masque et la plume.
Fermez votre gueule, sauf dans votre microcosme à la pensée et aux goûts uniques.
Bienvenue chez les ch’tis, Astérix et Amélie Poulain sont des films mauvais. Il faut que ça soit dit et tant pis si ce n'est pas d'une façon politiquement correcte.


Pitié, arrêtez avec mon voisin Rototo ou Princesse Monokini. La prochaine fois qu’on me passe ces films vomitifs, je me coupe les veines pour répandre mon sang drépanocytaire (oui, c’est ma nouvelle lubie) sur l’écran.

Sinon Thee silver mt. Zion c'était pas mal mais la setlist n'était pas à mon goût, hélas. En plus j'avais invité une superbe fille qui n'a pas voulu bouger son gros boule. Déjà, quand je lui avais proposé de voir Blonde Redhead il y a un an elle avait préféré rester chez moi à faire ma vaisselle et regarder Marc-Olivier Fogiel. Je n'avais pas prêté attention à ce signe, pourtant, pour le moins révélateur de sa mentalité.


« Monsieur Girard (Bruno Le Millin), mais, mais c’est terrible » Annette (Magalie Madison), premiers baisers, épisode 56
« Justine (Camille Raymond), mais, mais c’est trop affreux » Annette, premiers baisers, épisode 103
« Harry (François Rocquelin), mais, mais c’est vraiment horrible » Annette, premiers baisers, épisode 154

Comme les examens approchent je passe mon temps devant la télé. J’ai compris comment mettre un suppositoire dans le bon sens depuis que Michel Cymès a fait un dessin sur France 5.

Je regarde une quantité astronomique de TV réalité. Ça me fascine. J’ai dépassé le canal 22 d’AB1 pour aller sur MTV (canal 53 de votre freebox). J’ai délaissé les next made in France depuis que j’ai découvert la qualité des productions d’outre-atlantique. Pimp my ride présentée par l’excellent rappeur X-zibit est une émission qui consiste à thuner la volvo V40 que t’as hérité de grand-papy et qui a souffert de ton inexpérience quant à la conduite. Ce qu’on ne précise pas c’est ce que veut dire exactement « thuner ma caisse ». En vérité ça consiste à mettre de la peinture fluo sur ta carrosserie et mettre des écrans de télé partout où c’est possible pour pouvoir regarder des clips d’X-zibit en boucle. J’aime beaucoup Kiffe ma mère qui est assez pervers car généralement à mère moche = fille belle et vice-versa. Parental control est sans doute le plus horrible ce qui en fait une raison suffisante pour l’adorer.

On retrouve souvent les mêmes personnages. Comme un dénommé José (Philippe Vasseur) d’Hélène et les garçons. Le type toujours ultra-vénère pour un rien, impulsif souvent à la limite de la violence. On retrouve ces traits chez Anthony (Anthony Dupray) dans Premiers baisers ou encore Moundir (Moundir) dans Koh-Lanta II.
« Quoi ? moi j’suis là pour les 100 00, la tête de ma mère celui qu’a dit ça je le tue. Tu vois la bâche, j’la balance ! (bruit surajouté par la production d’éclair pour souligner la tension entre les protagonistes) »
Créons un groupe facebook pour la réhabilitation de Moundir.


Dans les livres qui préparent à l’internat, on peut noter qu’une non-réponse à un traitement peut (parfois) être due à une mauvaise compliance du patient. Compliance. J’ai appris ce mot en deuxième année à propos d’une vessie compliante ou encore d’un ventricule. Mais d’un patient non. Peut-on résumer un homme à sa vessie et à un ventricule ? Non, bien sur que non ! Il y aussi le kiki et la boite à caca, même parfois l’un dans l’autre.

A cause de ça on se tape des cours de psychologie médicale fait par des psychologues qui dès les premières minutes cherchent à nous faire culpabiliser de devenir médecins et nous mettent dans des situations cliniques avec des choix cornéliens : « vous ne pouvez accéder à la requête de votre patient, vous lui dites que vous compatissez mais que vous ne pouvez pas ou vous lui dites d’aller se faire mettre ? »


Le menton proéminent, l’arête du nez difforme, les pattes longues, le langage onomatopéique, il s’insurge contre la mondialisation et l’ultra capitalisme tout en prenant conscience de la vétusté du plastique entourant ses pieds. Il a opté pour le dernier modèle d’adidas. Il a décidé de gagner sa vie en exécutant les commandes de ses clients et monnayant ensuite le fruit de ses actions stéréotypées sur des machines modernes. La technologie au service du plus vieux métier du monde, la prostitution moderne. Politiquement à gauche parce qu’aujourd’hui il est malpoli chez les jeunes d’être d’une autre opinion. La docilité dans la rébellion comme en témoignent sa barbe savamment négligée (mal rasé mais pas trop, affinée chaque jour) ainsi que l’effet saut du lit de ses cheveux parfaitement maîtrisé.
La liste est longue.
Sachez juste que j’ai croisé, 16 rue du dôme, l’homme métro-néandertalien.



L’envie d’être spirituel alors je cite Pierre Soulages.

« J’aime l’autorité du noir. C’est une couleur qui ne transige pas. Une couleur violente mais qui incite pourtant à l’intériorisation. A la fois couleur et non-couleur. Quand la lumière s’y reflète, il la transforme, la transmute. Il ouvre un champ mental qui lui est propre. »

« L’œuvre vit du regard qu’on lui porte. Elle ne se limite ni à ce qu’elle est ni à celui qui l’a produite, elle est faite aussi de celui qui la regarde. Ma peinture est un espace de questionnement et de méditation où les sens qu’on lui prête peuvent venir se faire et se défaire. »

« Il faut regarder le tableau en appréciant la lumière reflétée par la surface noire. C'est essentiel. Si l'on ne voit que du noir, c'est qu'on ne regarde pas la toile. Si, en revanche, on est plus attentif, on aperçoit la lumière réfléchie par la toile. L'espace de cette dernière n'est pas sur le mur, il est devant le mur, et nous qui regardons, nous sommes dans cet espace-là. C'est une relation à l'espace différente de celle que nous avons dans la peinture traditionnelle. Ce phénomène ne peut pas être photographié. La photo transforme cette lumière en une peinture banale où les valeurs sont fixes et produites par des gris différents. »

C’est ce que j’aime chez Pierre. C’est en même temps ce Beau d’émotion primaire, viscéral, presque universel en quelques sortes, et cette relation si particulière qui naît de l’interactivité entre le sujet et l’objet. C’est celle-ci qui est vivante, en perpétuelle mutation car contextuelle et personnelle. C’est ce que j’aime retrouver dans le cinéma de Gus Van Sant, également. Ces artistes qui sont comme ce dont Dieu (ou le père) est le nom chez les scientifiques. Un mouvement originel, une étincelle qui donne la matière puis qui laisse l’œuvre indépendante, ayant sa propre vie.

C’est la différence avec les tyrans. Eux cherchent à contrôler les paramètres d’une situation dont ils ne sont pas les géniteurs. A soumettre l’individu à une pression sociale, à une contrainte du collectif auquel l’unique ne peut se soustraire. D’ailleurs les dictateurs qui restent élégants dans les livres d’histoire sont ceux qui ont su s’adapter au hasard et non à le façonner.

Voilà pourquoi Sarkozy chutera. Enfin, si une droite libérale non conservatrice arrive à faire entendre sa voix, si la gauche arrive à pondre autre chose qu’une miss chabichou ou qu’un Lang dansant la techtonique avec le roi du Maroc, si le centre arrive à se définir dans le temps … bon, merde, encore 9 ans.


Les examens c’est demain et je dois dire que c’est quand même géant d’avoir une épreuve de trois heures de LCA sans avoir eu de cours dessus au cours de l’année. C’est tellement drôle qu’on dirait du Gad Elmaleh.

Musique : Gregory Lemarshall, it’s better to burn out than to fade away.

05 avril 2008

Post-[évènement inconnu]


Et puis un jour il faut accepter la réalité, ne plus chercher à se réfugier dans une réalité dépassée, délavée, ne plus chercher à s’accrocher. Regarder l’évidence en face. On se rend compte que les souvenirs sont maintenant dénués d’affects, lisses, achromatiques, dépourvus d’émotions. Des mondes dans lesquels j’avais pris l’habitude d’y trouver du réconfort (au prix de nombreux sacrifices, soit) il ne reste que des images plates, belles mais insipides, attirantes mais en lesquelles il est impossible d’y rester.
Certes, je n’ai plus à sacrifier. Le prix du confort du souvenir était surtout lourd d’un point de vue du ressenti somatique. Il en fallait de l’énergie pour accepter ce revers de peau tapissé d’épines, ce péricarde clouté, ce cœur baignant dans l’acide, ces lames de rasoirs plantées dans chaque ventricule, abrasant la paroi musculaire un peu plus à chaque contraction.

Le passé est maintenant enclavé dans un cube de verre impénétrable et me voilà à détourner les yeux des souvenirs devenus d’une neutralité affective effarante, des corps démantelés totalement atones. Emoussement des affects, j’ai arrêté de chercher une prise quelconque sur ce temple trop lisse, trop régulier, trop connu, trop prévisible, trop tiède.

N’étant pas [encore] étiqueté bipolaire, je ne suis pas sous lithium mais c’est presque comme (si).
Ce n’est pas listé dans les effets collatéraux de Seropram. Les salauds ! je vais en faire part à la pharmacovigilance.

Malgré tout je n’ai pas perdu ce surplus d’énergie même s’il est toujours enkysté dans une membrane imperméable qui me circonscrit dans un espace réduit, étouffant. J’ai besoin de créer des conflits, de trouver des irrégularités dans le monde qui m’entoure pour m’accrocher, de provoquer, de défier, de batailler. Pour moi le combat peut être quelque chose de bénéfique, la compétition le meilleure moyen de créer cette atmosphère d’émulation saine, le meilleur moyen de tirer bénéfice de notre environnement.

Malgré tout la colère est toujours là. La haine aussi. Et le sentiment d’abandon, d’immense gâchis, l’ impression de mort prématuré, de lutte avortée, la déception face aux promesses non tenues et la rancœur, celle qui est née de ton désengagement, de ta fuite du combat, déserteur[e] face à la difficulté.

Malgré tout, chaque nuit, même celles accompagnées, je m’échine, me cyphose, n’offrant que mes vertèbres-carapaces aux regards indiscrets pour dormir dans les bras de ton fantôme. Et chaque matin la déception me tire de l’onirisme quand je réalise que ce n’est pas l’odeur de ta peau que je respire.
Une journée se définit par le laps de temps entre ces deux limites.

20 mars 2008

It's been a long cold winter without you



You just slipped through my fingers ...


... and I have paid.