18 octobre 2006

Dimanche

On est dimanche donc j’ai la migraine. Migraineux tout autant que mélancolique, l’un comme l’autre je m’y suis fait, bien que finalement la migraine et la mélancolie soient assez différentes.
La migraine c’est très localisé et violent, un point d’origine et une diffusion circulaire autour [conjecture de Pointcarré (?) oblige], comme le point d’impact d’une météorite et son cratère, une bombe et son souffle, tout ça dans ma tête et s’une seule tenue, sans répit. Aujourd’hui c’est le lobe supérieur droit, un peu en hauteur [d’habitude c’est juste derrière l’œil gauche, ça change sauf qu’en ce moment j’ai pas mal de crise de spasmes de mes paupières gauche… je suis en stage en ophtalmo mardi, je demanderai] et j’ai le sentiment que ma douleur à la partie mastoïdienne de mon sterno-cléido-mastoïdien droit en est une conséquence, bien que rien ne puisse me permettre d’en juger objectivement.
La mélancolie c’est un poison dans les veines, amer et mou, filant et insaisissable. Petit feu se propageant dans les vaisseaux. Au rythme du cœur, dilué et diffusé à l’ensemble du corps. Cependant il doit y avoir des endroits où il s’accumule plus : les poignets, la base du cou, autour du cœur mes coronaires doivent en être pleines. Parfois un surplus en local, tout passe dans le ventricule droit direction les poumons, passage au travers de la membrane alvéolo-capillaire, longue expiration et ce goût amer légèrement dioxydedecarboné sur la base de la langue. On n’ose pas ré inspirer tout de suite, de peur de ré avaler le peu dont on vient de se débarrasser.

On est dimanche donc. Arrivé à Nantes je déballe mes sacs, en extirpe sans délicatesse les vêtements que j’avais soigneusement plié au départ pour attraper les Cds dans le fond de mon sac. En rangeant ma bouffe je commence à voir que j’achète plus de variétés de thés que je ne pourrai en boire dans toute ma vie. Je mets Regeneration de Divine Comedy dans ma chaîne et comme un connard je ne peux m’empêcher de laisser couler l’album, il faut que j’appuie sur [<Bad Ambassador ou Note to self deux fois [au moins] de suite. J’ouvre la fenêtre, la tête dans la rue : c’est calme. La température est idéale c'est-à-dire que j’ai juste un pull pas chaud sans rien en dessous et que j’ai froid au bout des doigts seulement. Le ciel est dégagé mais sans lumière, c’est gris sans pour autant que les couleurs foncés n’en ressortent plus [n’est pas temps orageux qui veut]. Je respire, ça sent bon la cuisine à l’ail… j’ai mal à la tête. Restate my assumptions, a song is not a song until its listened to. La migraine occupe mon cerveau et diminue mes facultés, je me sens loin de moi et par extension loin d’elle. Le vent, lui, m’embrasse et s’engouffre dans mes cheveux, je devrais être en train de fabriquer des souvenirs mais le dimanche n’existe pas, c’est une faille dans le temps, un jour qui n’en a été un qu’une fois qu’il a été fini. Le dimanche rien ne se passe et rien ne se passera, le dimanche est gris fade, le dimanche ne sert à rien si ce n’est se poser des questions sans issue et imaginer la possibilité de ce qui n’arrivera jamais. Le dimanche est un peu Cholet.

6 commentaires:

Anonyme a dit…

Je trouve que t'écris sacrément bien (me fais parfois vaguement penser à du Desproges, dans ses passades lyrico-mélancoliques). C'est simplement beau (bien que parfois badant).
Aucun reproche, sinon ce soutien à la marque 4-20-5 (générateur de communautarisme départemental, à mon avis).

Spirale a dit…

Merci du compliment, ça fait toujours plaisir même si je me demande toujours comment on peut raisonnablement aimer mon écriture.

Quant à 4-20-5, c'est plus un délire qu'une marque de fierté ou une revendication. J'ai marqué Vendee Coast sur certains de mes T-shirts, ça me fait rire. Je ne suis pas ce sale rouquin de la fac de pharma avec ses chaussures bateau, son pantalon en velours cottelé marron qui laisse apparaitre des sockettes blanches, le col de la chemise bien fermé dont juste le bout dépasse du pull en laine made-in mamie et, clou du spectacle, arborant le même coeur vendéen en pin's sur son manteau comme son pote à la raie bien faite et toujours rasé de près [à croire qu'il est imberbe].

J'ai des racines en Vendée et j'ai grandi à Cholet, je suis loin d'en retirer de la fierté. Au contraire, je me sens plus comme Renton dans trainspotting : "Mais c'est une punition d'être écossais! On est les plus nuls des plus nuls! Le rebut de l'humanité! Le peuple écossais c'est de la merde, la plus asservi la plus pitoyable qui ait jamais été chié depuis que la terre existe! Ici la plupart des gens haïssent les anglais, je regrette c'est seulement des connards. Alors que nous on est colonisé par des connards. On a pas été capable d'être colonisé par une race supérieure. On est gouverné par des ballets à chiottes. C'est le trou du cul du monde ce pays Tommy, et ton air pur et tes grands espaces ils ne peuvent rien, c'était foutu d'avance."


Je peut paraître virulent, mais je sais bien qu'il n'y avait pas d'offense dans ton commentaire

Anonyme a dit…

Monsieur,

Je ne peux trouver d'adresse e-mail ici, mais peut-être ai-je mal cherché, ainsi j'en suis réduit à lâcher un com.

Je viens de tomber sur ce commentaire, dont vous êtes semble-t-il l'auteur, lâché sur le blog http://20six.fr/kmouth, note du 13 janvier 2006, intitulée "coup de flip!" :

XXeciel-com le 16 janvier 2006 à 00:51
Parfois j'aimerais avoir l'humour de fabien porée mais pas son physique... hélas l'inverse se produit.


Alors certes, mon humour vous remercie, mais qu'avez-vous à reprocher à mon physique ? Ce n'est pas très gentil de dire des choses comme ça, et j'ai été blessé. Pouvez-vous me donner des conseils pour m'améliorer.

Dans l'attente de votre réponse, veuillez agréer le bisou

Spirale a dit…

Coucou Fab1. sa va ou quoi ?

Tout d'abord je tiens à m'excuser platement si mes propos ont pu vous blesser. Je ne peux, hélas, rien reprocher à votre physique étant donné que du haut de mes 21 ans et 1 mois je ne mesure pas plus d'1m72, je suis myope et je souffre d'une calvitie trop avancée. Un moment j'ai cru qu'en m'endormant avec l'idée très forte en tête de me réveiller avec le physique de Cillian Murphy, l'échange pourrait se produire... l'expérience m'a appris que c'était vain, je ne peux donc pas vous prodiguer de conseils esthétiques.

Je vous proposerai eventuellement de nous faire mutuellement l'amour ou mieux, des bizoox, si je n'habitais pas si loin.

Allé, bizoox doux FabyFab @pluch'.

Anonyme a dit…

Habitant Cholet et étant migraineuse je ne peux qu'aimer cet article ; )

Spirale a dit…

Anaëlle est un prénom superbe. J'aimerais m'appeler comme ça.