13 janvier 2007

Finalement ça ne change rien

Avoir une famille médicale.
Devenir soi-même médecin.
Passer ses matinées dans les hôpitaux, aller d’une chambre à l’autre pendant la visite, d’un cancer à une hémiplégie, d’une anorexie mentale à une leucémie. Presque comme à Monoprix (pour ce qui est d’une visite d’un service de chirurgie).
Etre désabusé.

Finalement ça ne change rien. La peur au ventre on l’a, rien à foutre d’avoir été de l’autre coté, l’anxiogènicité [ce mot n’existe pas et c’est bien dommage !] d’une consultation médicale est une des pires.

En y allant, au secrétariat, dans la salle d’attente. Je respirais mal, je me bouffais les doigts, élocution laborieuse, je ne dis pas la moitié de ce que je voulais dire, confusion mentale.
Je me percevais comme fou et inutile, finalement en foutu futile [en passant par futilement foutu]
Les toubibs n’ont pas de toubibs … ouais, c’est sûrement vrai.
Je me sentais désarmé donc impuissant devant cette maladie lente et insidieuse.

J’ai trop attendu, c’est vrai, deux ans c’est bien trop. Pas d’excuse prendre un rendez-vous n’est pas difficile. Alors pourquoi ? La peur, sûrement, à l’époque. La connerie, oui, quand j’y repense. La peur, je l’ai toujours. J’ai peur de l’irréversibilité de la situation, de garder des séquelles visibles de mon attente, de ma non-décision, de mon fatalisme d’une certaine manière.

J’ai rompu cette attente-là pour nouer avec celle de la salle du même nom. L’espace exigu et les chaises de Philippe Katerine. On essaye de trouver quelque chose à faire, autre que de regarder les photos du spécial cuisine hiver 94 du madame figaro ou les phrases cultes de ségolène royal dans un autre journal. Devant le néant des activités qui s’offrent à moi j’en suis réduit à ranger mes poches, à mettre mes clés dans cette poche de mon sac plutôt qu’une autre, de vérifier que ma carte vitale est accessible d’un geste peu technique et concis et d’autres conneries … finalement elle n’a qu’un quart d’heure de retard ( = elle est en avance).

Elle se souvient de moi, enfin elle en à l’air. Elle me propose la chimiothérapie, le traitement le plus puissant qui existe en me demandant si j’ai bien pris connaissance des effets secondaires pouvant survenir. Je lui réponds « oui », à ses deux questions. Pour moi, la balance bénéfices/risques penche du premier coté.
« 90 % de réussite », je souris. J’ai une foi incommensurable en la médecine occidentale, ça doit peser dans la réussite du traitement, « Particules of faith ».

En sortant de ce drôle de boulevard qu’est ce que j’étais soulagé. [pardon, je ne pouvais pas résister au fait de LE citer]

En voiture avec Y. nous avons écouté Fashion Nugget de Cake alors j’avais toujours le sourire. Le ciel était gris-encre, foncé qui faisait ressortir les couleurs vertes et oranges des herbes et arbustes du bord de route. Un ciel marécageux, une terre éclatante et la ligne de l’horizon pour scinder les deux. Voilà pourquoi je ne veux pas quitter l’Ouest.

Et puis ce matin, je me suis vu dans le miroir et, fait rare, j’avais une certaine [ébauche de] confiance en moi.


2 commentaires:

Anonyme a dit…

Monsieur E, ou comment faire une montagne d'une prescription de six semaines chez la kinésithérapeute à qui on doit se montrer en caleçon.

Spirale a dit…

Je ne me fais pas une montagne de mes problèmes de genoux étant donné que ce n'est pas de ça que je parle.