11 mars 2008

Au nom du pair

C’est assez difficile de remettre sa santé entre les mains d’un de ses pairs. On attend généralement le dernier moment, négligeant les signes qui interpellent chez l’autre, se disant que l’on maîtrise, que pas nous, que la transmission du savoir dicte notre conduite et qu’elle ne variera pas d’un iota. Comme si l’on n’avait pas le droit à la maladie, mais il faut avouer, des fois cela échappe à toute prévention. Vulnérable, l’héritage du pair inefficace ou mal usé, le moment de la confrontation devient inévitable, il y a complicité en même temps que le malaise. On a beau faire comme si, voire nier, le rapport de forces se retrouve déséquilibré, à l’autre on ne demande plus un avis mais une aide, une autorité, on demande qu’il soit un bon pair. Malgré tout, personne n’a plus foi en dieu le pair que nous-mêmes (ce qui est, presque, l’essentiel) ce qui créé une étrange confusion des sentiments, rajouté à ça l’incertitude sur ce que l’on est réellement venu chercher, si l’on ne s’est pas simplement trompé.
La sortie est confiante même si persistent les «et si … ». Je l'ai cru quand il m' a dit que les effets secondaires en début de traitement témoignaient d'une bonne réponse du système, du coup j'en étais content de cette gerbe récurrente, de cette gueule dans le cul permanente, de cette invincible tension dans la mâchoire, de ses réflexes exagérés, j'en étais vraiment content et j'attendais le bonheur comme proche et avec impatience. Quel enfer c'est d’être un soignant-malade ! Est-ce si différent des malades-malades ? Je réalise à quel point il est désagréable d'être dépendant d'un autre, aussi compétent soit-il, question d'habitude à acquérir pour ceux qui ne se sont pas construits avec, mais sans.


Je ne vis pas dans le présent, cette confrontation je la perçois comme un rattrapage d’un moment manqué au passé. Les fils sont emmêlés.

C’est une histoire d’absence et de substitution.





Mis à part YN, vous ne participez pas beaucoup, enfoirés de lecteurs, alors ayez au moins l’obligeance d’écouter cette reprise dépouillée et intimiste de Depeche Mode par un French Cowboy (ex Little Rabbits), elle est tellement belle et surkiffante. Le but d’un tel endroit est l’échange des ressentis et des idées, pas un monologue à moitié falsifié.

6 commentaires:

Anonyme a dit…

T'as qu'à écrire plus souvent de ta plume majestueuse enfoiré d'écrivain !
Je veux des textes !
:p

Lola

Spirale a dit…

Merci Lola, ça me touche.

J'ai longtemps cru qu'il n'y avait que 4 personnes qui lisaient dont deux que je vois souvent, YN et un mec qui me parle de touchers rectaux. Alors un moment j'ai songé arrêter.

Pour ce qui est de la fréquence des textes, je n'écris (hélas) pas sur commande. Ça part d'un fait réel, d'un vécu, un ressenti que je décide de rendre brut ou d'altérer totalement. C'est donc dépendant de la vie.

Anonyme a dit…

Ha ha, je suis pas un enfoiré de lecteur. Ha ha.

Spirale a dit…

Putain, je croyais que j'avais un cinquième fan quand j'ai vu un 4ème commentaire ! Ma journée commençait à se remplir d'amour et de bonheur mais elle s'est finalement conclue sur l'achat d'un écran plasma.

Bah, je sais pas si j'y perds au change.

Anonyme a dit…

C'est très vilain d'insulter ses lecteurs.
Bonne continuation!

Spirale a dit…

Je ne me permettrai pas de t'insulter Yann, grâce à toi j'ai découvert l'excellent bouquin qu'est le Levy-Soussan pour la psy.

Merci encore, ça a renforcé mon intérêt pour la psychiatrie (au contraire de mon actuel stage en addictologie).