23 avril 2007

L'imposture socialiste

Le 21 avril 2002 est une des meilleures choses qu’il soit arrivé au parti socialiste.

Je me souviens. Georges Perec.

Il y a quelques jours, Groland diffusait un reportage intitulé « Le nouveau martyr ». Cette parodie de Tévéréalité cherchait une victime de l’insécurité dont s’empareraient les médias afin de faire basculer à droite la campagne. Le week-end passe, lundi JT de 20h, 8 premières minutes : Viol et assassinat de Sophie Graveau par un français d’origine bosniaque [a-t-on besoin de rappeler perpétuellement son origine alors qu’il vit en France depuis 20 ans]. Jugement du banlieusard qui a lapidé une fille qui se refusait à lui. Jugement des adolescents ayant lancé le cocktail Molotov dans un bus à Marseille brûlait une jeune fille. Hasard du calendrier ? Peut-être.

Jeudi, envoyé spécial, reportage sur l’économie souterraine en banlieue. On ne nie pas ce qui est montré, on peut discuter de l’objectivité du traitement, certes. Le gros point d’interrogation tient au fait que ce reportage est une rediffusion, d’il y a deux ans. Alors pourquoi maintenant, à trois jours du scrutin quand 40% des français sont indécis ?

Depuis 5 ans le PS agite l’étendard de Le Pen et appelle au vote utile™. Ce fantasme de l’extrême droite au second tour et surtout [parce que tout compte fait il n’y a que ça qui l’oligarchie dirigeante socialiste] leur absence au dernier round est une thématique récurrente exposée au visage de toutes personnes de sensibilité de gauche.

« Pour défendre cette manière de voir, on n’hésite pas à tout mélanger, à tout exagérer, afin d’inoculer aux populations traumatisés le pire des virus : la peur ». Claude Allègre.

Beaucoup de gens se sont sentis coupables d’un vote contestataire fait le 21 avril. Coupables de l’insuffisance du score de l’avatar de gauche face à un extrême monté en puissance.
En vérité, 21 avril 2002, Le Pen : 4 000 000 de voix. 1995, Le Pen : 4 000 000 de voix
Le coupable est-il le vote contestataire d’extrême gauche ou l’abstentionnisme ? Ceux qui ont voulu exprimer leur désaccord avec le programme PS ou les absents ?

Aujourd’hui 22 avril, bref calcul approximatif : 44 000 000 d’inscrits que je multiplie par une participation de 0.85 que je multiplie par un score de 11% (oui, vous l’avez reconnu) = 4 114 000, environ. Tiens ? Ca ressemble étrangement aux scores précédents. Le Pen a toujours le même nombre de voix, seul l’abstention fait varier son score.

La peur de l’extrême droite au second tour a servi au PS à rassembler les votes de gauche, même de ceux qui ne sont ni convaincu par ségolène ni par le PS en général.

Le score de Le Pen prévisible, relégué à la quatrième place, 14 % derrière le deuxième et 7.5 % derrière le troisième, on peut se poser la question de la pertinence du vote utile.

Même cumulée, l’extrême gauche est faible, siphonnée par le vote utile. Finalement on en revient toujours à Huxley, l’abolition des diversités afin d’obtenir une pensée unique. Ce soir beaucoup d’électeurs d’extrême gauche doivent se sentir volés par un vote, qui au profit de leur cri du cœur, n’était dès le départ pas pertinent et, a posteriori, inutile.

L’UMP comme le PS sont maîtres dans la menace par l’insécurité. Celle du quotidien pour l’un et l’électorale pour l’autre. La recrudescence de dernière minute de l’insécurité dans les médias a profité aux conservateurs de l’UMP et indirectement au PS par la menace d’un second 21 avril. L’hydre bicéphale tient la tête de l’échiquier politique, faisait mine de se haïr profondément, une relation de connivence est soigneusement entretenue afin d’étouffer quiconque d’autre oserait répondre d’une manière différente aux attentes des français.

Dans le fantastique département du Maine-et-Loire, il y a une participation de 90% (c’est bien) et Sarkozy arrive en tête (c’est mal).

Pendant la soirée télévisée on a pu constater que Jean-Pierre Chevènement était de gauche et qu’il avait de l’humour « ségolène royal à un programme novateur ». Que maintenant qu’il a retourné sa veste, Bernard Tapie peut enfin se lâcher sur ses ex-copains de gauche et que l’ultra-démago Fabius préfère, à propos d’Eric Besson, avoir un ricanement moqueur plutôt qu’un réel argumentaire.

5 commentaires:

Manuel a dit…

Tiens ? Nul mot, nulle ligne sur "l'imposture de l'UDF" ?

Si l'on regarde le score (et avant ça les estimations) des 4 premiers candidats (3 de droite et une de gauche) je trouve que le partage des risques entre gauche et droite de ne pas être au second tour n'était pas vraiment équitablement distribué.

Rien de scandaleux donc que de mettre les électeurs de gauche en face de leurs responsabilités.

Spirale a dit…

Bayrou a le charisme d'une huitre et de grandes oreilles. Voilà.

Il faudra bien être très critique si après avoir crié son indépendance haut et fort pendant toute sa campagne il appelle à voter pour l'une ou l'autre. Il faudra également l'être s'il refuse tout poste d'action qu'on lui propose, lui qui a clamé oeuvrer pour le bien de la France. Malgré son sourire apparent, il est en mauvaise posture. En n'accedant pas au 2nd tour, son piège s'est refermé sur lui.

Il est erroné de penser que le vote Bayrou est un vote UDF. La présidentielle est une éléction ou l'on élit un homme [/femme] plus qu'un parti, un programme, des propositions qui par définition ne pourront être tenues. En tous cas c'est ma conception des choses, je n'ai pas voté pour un vieux parti qui doit sans doute vivre ses derniers moments.

Je fais parti des personnes qui ne voient pas la nécessité de ce duel, donc l'inéquité du partage des risques nous passe au-dessus.
Et puis, ces derniers jours, ceux qui au PS ont dit à longueur de temps que Bayrou était un candidat de droite bien éloigné des idées socialistes ont tendance aujourd'hui à présenter une magnifique amnésie rétrograde.

Anonyme a dit…

tu es sexcitant quand tu joues les chroniqueurs politiques en[g/r]agés




(être inutile)

Spirale a dit…

Sexy-centrisme oblige.

Il en existe qui n'ont nul besoin de chroniques pour provoquer les e-moi[s].

Anonyme a dit…

et-moi
et-moi
et-moi
...



je me dois de contester le terme "sexy-centrisme" [ ce n'est pas ce que m'évoque F.B., et je ne pense pas que ce soit une question de sensibilité ]



mais-toi
mais-toi
mais-toi
...