07 septembre 2007

Lettre à Lou


Mon ami,

au moment où ton travail passé commence à porter ses fruits, tu es acculé par la calomnie, le mensonge, progéniture des jaloux. Tu essayes de supporter avec l’élégance qui te caractérise les railleries et quolibets de ces enfoirés de Sarkozystes.

Je t’ai vu hier, sur mon écran de télévision. Tu n’as pas perdu ton sens de l’humour, toi… En revanche lui, il n’en a jamais eu d’humour. As-tu vu Rachida Dati quelques jours auparavant, dans la même émission, répondre à la question sur quelle était sa blague préférée ? « Qu’est-ce qu’un canif ? C’est un p’tit fien.» Non mais je rêve, comment peut-on être président avec un humour aussi misérable ? Et dire qu’il nous méprisait lorsque nous rions à gorges déployées lorsque l’on se racontait la blague du vampire ou encore celle des deux putes siamoises. Cioran ne supportait que Camus lui donne des conseils, il disait : « Camus, l’homme à la culture d’instituteur, me donne des conseils, c’est incroyable ça ! » j’aime trop Camus pour faire une analogie mais il devrait savoir qu’avec sa formation juridique il est évident qu’il n’a aucun sens de l’humour. Les seuls moments d’humour véritables à l’Elysée doivent être quand lui et sa cour végétative admirative demandent à Bigard de déplacer les meubles afin de se gausser du désarroi euphorique du malvoyant Montagné. Quant à Rachida, parait-il qu’il lui a limé le cul pendant tout son séjour à la petite maison dans la prairie exception faite des moments où il racontait sa fameuse devinette et sympathisait avec Georges Walker [texas ranger] ruinant ainsi le peu qu’a fait Jacques (as-tu des nouvelles de lui ? j’ai surfé une fois avec lui à Biarritz cet été mais depuis plus rien, parait-il qu’il n’a trop pas le moral). Quand je pense à Alain, le seul compétent qu’il ait engagé et qu’il n’a su le conserver. Quel incapable !

Je t’ai lu pendant mes congés dans Marianne, sur une couverture où ton nom se dessinait aux cotés du parasite histrionique. Je suis sûr que, comme moi, l’ironie de la situation t’a arraché un sourire. Même si je n’attend pas un nouveau livre pour tout de suite (très beau titre d’ailleurs, me fait penser à notre Isidore Ducasse préféré) j’espère que cette collaboration se répétera. D’ailleurs, si tu y retournes, Jean-François Kahn a un Cd d’Arvö Pärt à moi et me doit 53 francs 50 (le parcmètre), Nicolas Domenach a mon exemplaire de la Vita Nova et Joseph Macé-Scaron ma collection de pin’s parlants d’Ophélie Winter (ceux sortis en 97, l’édition limitée).

De mon coté, je poursuis mes études médicales. Je suis externe maintenant, à temps plein. Difficile de trouver du temps entre l’hôpital et les apprentissages, d’ailleurs où apprendre ? Les cours facultaires ? Les référentiels nationaux ? Les livres ? Bref, il va me falloir un certain temps avant de trouver le modus operandi adéquat pour l’apprentissage. Mais mes contrariétés sont bien mineures comparées aux tiennes et sache, mon ami, que tu as tout mon soutien pour t’aider à traverser cette laborieuse et ténébreuse période.

Notre « relation » est difficile à vivre, évidemment la différence d’âge y est pour quelque chose et évidemment que nous aurons à supporter encore et toujours les regards inquisiteurs des badauds ne comprenant pas que deux cow-boys aimables et bien élevés puissent porter des pantalons en cuir et dormir ensemble dans le même lit. C’était déjà le cas à l’époque où il n’y avait rien de sexuel entre nous, alors maintenant … Même si je n’apprécie pas de me faire traiter d’homosexuel et encore moins de pédéraste à tire-larigot, je ne veux plus me cacher. De toutes façons c'est impossible, je ne pourrai pas, mes ressentis sont trop forts.

Je me souviens, un samedi de printemps nous étions allés à un concert dans une petite église de Montargis (45). Là, tu m’as glissé à l’oreille « L’œuvre de Bach est bien la preuve de l’existence de Dieu », nous avons alors esquissé un rictus étouffé dans ce silence religieux, nous les deux seuls athées au milieu de ces culs bénis et pourtant les deux seuls à apprécier la mise en musique du récit de saint Matthieu par Bach. Jésus annonce alors à ses disciples qu’il sera livré aux romains par Iscariot et crucifié pour Paques, aussi, après il annonce la résurrection du fils de l’Homme et parle de la nouvelle vie qui s’en suivra. Peu de temps après, je t’avais fait écouter la version utilisée comme thème de fin au film THX 1138, celle où l’ouverture de la passion selon saint Matthieu de Bach se mêle aux arrangements de Lalo Schiffrin quand Robert Duvall s’échappe de ce monde totalitaire et oppressant vers une vie nouvelle. Si j’évoque ceci c’est pour que tu ne perdes pas espoir, que tu t’accroches à cette promesse d’une Vita Nova.


J’aimerai aussi que tu te rappelles d’Hélène Grimaud jouant un allegretto de Beethov' à la MJC de Melun-Sénart (77) le jour de l'anniversaire de notre rencontre, un 32 Décembre …

… ou encore de ce morceau de Boccherini écouté à l’espace culturel Didier Gustin de Villejuif (94), nous sortions du cinéma où le film American Ninja 2 - le ninja blanc nous avait, à tous les deux, fait ressortir notre sentimentalité.


Tous ces souvenirs pour que tu ne perdes pas confiance, que tu crois en l’avenir. Des souvenirs devant.



Je t’aime.

Edouard Moria.


PS : j’ai deux places pour les Beastie Boys à la salle des fêtes de la Mothe-Achard (85), envoie-moi un message à mon adresse iMail : kiadukkkkikoléoqq[at]hotmail[point]com si tu es intéressé.

5 commentaires:

Anonyme a dit…

Moria ? Comme "les mines de la Moria" ?

Anonyme a dit…

non
comme le syndrôme

ci-git un presque-psychiatre
tout de même.

Anonyme a dit…

tu vas pouvoir enfin me dire
s'il porte vraiment des slips à rayures, ce cher Dom.

Spirale a dit…

Moria comme le mont où mon aïeul fut offert en sacrifice.

Npus avons la tristesse de vous faire part du décès du

Docteur Moria

survenu dans la nuit du 7 au 8 septembre 2007 dans sa vingt et unième année des suites d'un syndrome de l'essuie glace.

Les obsèques auront lieu en l'église Karen Cheryl de Trementines, ce lundi vers 14h26.

Fleurs et lettres d'injures sont à deposer lors de la cérémonie.

Amenez de la Gold.

Ce faire-part tient lieu d'invitation.


Plus depuis que c'est moi qui m'occupe de son habillement intime.
Leggings et suspensoirs cachent sa pudeur.

Anonyme a dit…

c'est la rentrée de laurent ruquier qui te donne cet élan d'humour ?